Grenoble et les JO de 1968 : "en 3 ans, rattraper 40 ans de retard"

Dans les Echos.fr d'hier, article sur les JO de Grenoble en 1968.

Il est notamment possible de lire :

"Aussi kitsch que grandiose : la cérémonie d'ouverture des X e Jeux Olympiques à Grenoble marquait sans le savoir la fin des Trente Glorieuses et l'entrée dans l'ère postmoderne. Trois mois avant Mai 68, c'était la dernière occasion « de célébrer l'apogée des réalisations gaulliennes par ces jeux du gigantisme gaullien », comme l'écrit David Colon (1).

Le général de Gaulle, alors président de la République, voulait faire de ces jeux une vitrine de la grandeur de la France. En finançant plus des trois quarts de la note Olympique, l'équivalent de 1,1 milliard d'euros, l'Etat ne lésine pas sur les moyens.

Ce 6 février 1968, l'heure est au spectacle. Il est 15 h 39. Le patineur Alain Calmat allume la vasque Olympique. Des capteurs retransmettent les battements de son coeur, tandis que des hélicoptères déversent sur les spectateurs du parc Mistral trois tonnes de pétales de roses. Claude Lelouch tourne le documentaire officiel des Jeux, « 13 Jours en France ». Mais c'est bien Grenoble et son agglomération qui tirent profit de l'événement.

La cité alpine, sous-équipée, étouffait avec des structures d'une ville de moins de 100.000 habitants alors que sa population, en dix ans, avait augmenté de plus de 40 % pour atteindre 236.000 habitants. Ediles et préfets s'arrachaient les cheveux quand surgit la perspective de la manne Olympique. Banco ! Grenoble obtient le feu vert en 1964 ! En trois ans, les chantiers Olympiques vont lui permettre de rattraper quarante ans de retard.

La veille des Jeux, André Malraux inaugure une maison de la culture d'envergure nationale.

Sans compter les équipements sportifs, patinoires ou palais des sports qui poussent comme des champignons au milieu des sculptures de Calder. Grenoble, ville où l'eau courante peinait à arriver jusqu'aux étages des immeubles, s'équipe : nouvel hôtel de ville, de police, nouvelles gares ferroviaire et routière, poste, palais des congrès, aéroport international, musées, télécommunications, routes, ponts, tronçons d'autoroute, rocades, nouveau quartier Olympique de 1.800 logements, écoles...

« On dit souvent que les JO permettent de construire en dix ans ce qui en temps normal aurait été construit en trente ans », commente Michel Destot, aujourd'hui maire de Grenoble."
...

Le PS local aura toujours eu du mal culturellement à gérer les JO de 1968.

Ils avaient été obtenus par le prédécesseur de Dubedout.

Ils ont servi de bouclier à tort face aux hausses considérables d'impôts des trois mandats de Dubedout.

Il a fallu attendre la première municipalité d'Alain Carignon en 1983 pour que la vasque olympique quitte un obscur hangar et retrouve une exposition publique aux côtés de l'Hôtel de Ville de Grenoble.

En 2009, lors de la nouvelle candidature, la municipalité Destot n'est pas parvenue à sortir de cette contrainte culturelle "historique". Elle n'a pas été capable de faire vivre une réelle mobilisation populaire locale. La candidature est même arrivée en troisième position devancée par Annecy et Nice : un échec et un classement inimaginables quelques années avant.

Un échec grave qui traduisait le décrochage de Grenoble des critères de performance dont ses dessertes et ses niveaux d'équipements. Ce sont là les facteurs qui ont expliqué le mauvais classement en 2009 devant les instances nationales. La situation s'est aggravée depuis. Le sillon alpin, seul projet de nature à désenclaver la Capitale du Dauphiné, n'a pas progressé. Les voies de contournement sont gelées. La "compétition" avec Lyon n'a plus lieu d'être tant la capitale régionale a creusé l'écart notamment avec ses relations institutionnelles nouvelles avec St Etienne, Vienne et Bourgoin.

Dernière traduction en mai 2012 : le fait que le Maire de Grenoble ne s'impose pas es qualité comme incontournable d'un Gouvernement socialiste est également le marqueur de cette dé-classification. Le statut olympique semble appartenir à un autre siècle et pas seulement dans les références calendaires.

  • Publié le 28 juillet 2012

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