François Hollande et la mauvaise lecture de l'alternance
L'alternance est liée à la notion même de démocratie. C'est donc un enjeu essentiel. Mais, l'alternance est un apport pratique considérable bien au-delà même de la reconnaissance de la vocation de changement qui accompagne tout exercice du pouvoir. L'alternance évite l'habitude. Elle est un aiguillon perpétuel.
Cette certitude de mouvement, donc de liberté, doit aussi s'accompagner d'un processus d'intégration pacifique de cette logique.
Dans les démocraties efficaces, l'alternance a aussi en effet une vocation d'acceptation des règles du jeu, une vocation d'intégration pour solidariser l'ensemble des composantes du jeu politique.
Quand l'alternance est la remise en cause immédiate des mesures de l'ancien pouvoir, elle ne respecte plus cette vocation. C'est le défi de François Hollande dans les 45 derniers jours. La disparition de mesures fortes de l'ancienne majorité crée une insécurité juridique contraire à cette façon "d'admettre l'autre". Les nominations dans la haute fonction publique créent une suspicion sur la politisation excessive de fonctionnaires dont le fonctionnement est d'abord le respect de l'autorité politique peu importe sa couleur partisane.
Sous ces deux angles, c'est une mauvaise lecture de l'alternance qui a été mise en oeuvre ces dernières semaines. Elle contribue d'ailleurs beaucoup à radicaliser le climat politique français, ce qui n'est pas un atout en temps de crise. Ce sera l'un des rendez-vous importants de la rentrée de septembre que de constater si une inflexion se produit en la matière ?