Vincent Peillon et la nouvelle bataille scolaire
Alors que François Hollande a indiqué tout au long de sa campagne pour l'élection présidentielle vouloir faire de l'école et de l'éducation une des priorités de son mandat et que Vincent Peillon, Ministre de l'Education Nationale a annoncé que l'école primaire sera la première priorité de son Ministère, le SNUipp a souhaité réaliser un sondage interrogeant les Français sur leur perception de l'école primaire avant la rentrée 2012 . Il s'agissait d'interroger les Français sur différentes thématiques : quelle place occupe aujourd'hui l'école parmi leurs préoccupations ? Quel jugement portent-ils à l'égard de l'école maternelle et élémentaire ? Comment jugent-ils l'action gouvernementale au sujet de l'école primaire ? Quelles sont les priorités aujourd'hui pour l'école et quelles perceptions ont les Français du projet de réforme des rythmes scolaires ?
Que retenir de cette enquête Harris Interactive
L'éducation et l'école apparaissent comme un des sujets les plus importants aujourd'hui en France, citées par un tiers des Français (33%), derrière l'emploi, sujet évoqué par 45% d'entre eux, mais avant « le pouvoir d'achat », qui paraît être aujourd'hui une thématique importante aux yeux de 24% des Français.
Les Français portent un regard majoritairement positif sur le fonctionnement de l'école primaire aujourd'hui, et ce de manière un peu plus prononcée qu'en 2011. En effet, selon une majorité de Français, l'école maternelle fonctionne bien (81%, dont 12% très bien). Le regard porté à l'égard du fonctionnement de l'école élémentaire est plus nuancé, même si une majorité de Français le juge bon, dont 8% très bon (64%) , 28% le jugeant au contraire mauvais. Ces deux structures d'enseignement ont par ailleurs une meilleure image qu'en 2011 avec respectivement +8 points et +2 points de pourcentage sur le sous-total positif.
Les Français jugent positivement les annonces du gouvernement au sujet de l'école maternelle et élémentaire, soutenant les propos avancés depuis l'élection de François Hollande. Ainsi, 78% soutiennent la création de 60 000 postes dans l'Education Nationale, dont 28% déclarant même y être très favorables. Les Français adoptent également une attitude majoritairement positive concernant l'annonce de Vincent Peillon, Ministre de l'Education Nationale, de faire de l'école primaire la première priorité de son Ministère, 92% déclarant qu'il s'agit d'une bonne chose, dont plus du tiers une très bonne chose (37%).
Parmi les sujets prioritaires pour l'école maternelle et élémentaire dans les années à venir, une majorité de Français souligne l'autorité et la discipline (60%), et un sur deux l'aide aux élèves en grande difficulté (50%). Plus précisément, en termes de mesures à mettre en place pour faire évoluer l'école maternelle et élémentaire, une majorité pointe la nécessité de baisser le nombre d'élèves par classe (60%), 52% estiment qu'il faut assurer un suivi individualisé des élèves en difficulté , plus d'un sur trois souhaitent ensuite voir développer prioritairement le travail en petits groupes d'élèves (39%) et que plus de moyens soient donnés aux écoles qui concentrent les difficultés scolaires (33%).
Les premières mesures perçues comme prioritaires par les Français dressent donc le portrait d'une école plus accessible et prenant en compte les difficultés de chacun, notamment à travers un suivi et un enseignement plus personnalisés.
Six Français sur dix ont déjà entendu parler de la réforme des rythmes scolaires, dont 26% qui perçoivent clairement ce dont il s'agit, contre 40% qui déclarent ne pas en avoir entendu parler. Une fois les principaux axes de la réforme présentés, sa mise en place à la rentrée de 2013 apparaît comme une bonne chose aux yeux d'une majorité de Français (67%, dont 17% une très bonne chose, et 57% des parents d'enfants scolarisés en primaire). Mais si les Français se montrent majoritairement en faveur de cette réforme, notons que certains points n'obtiennent pas le consensus.
Ainsi, les mesures relatives aux vacances scolaires reçoivent le soutien d'une majorité de Français avec, systématiquement, des réponses moins positives lorsque les personnes interrogées sont parents d'enfants scolarisés dans le primaire. L'allègement de la journée de classe, avec une fin des cours à 15h30 en école primaire divise (50% y étant favorables contre 47% opposés). Le passage à la semaine de quatre jours et demi apparaît, sur le principe, soutenu par les Français (72% favorables, dont 23% tout à fait), mais est remis en cause par une majorité si cet ajout se fait le samedi matin (64% opposés, dont 30% tout à fait), contre 68% qui y sont favorables si cela concerne le mercredi matin.
Les Français expriment des préférences nettes quant aux modalités d'accompagnement de la potentielle mise en place de la réforme des rythmes scolaires. Ainsi, 87% d'entre eux rejettent l'idée qu'aucune prise en charge ne soit mise en place, et que les parents récupèrent leur(s) enfant(s) à partir de 15h30. Ils soutiennent alors majoritairement la mise en place d'une prise en charge proposant soit des activités culturelles et sportives (94%), soit de l'accompagnement scolaire au sein de l'école (92%).
Enfin, une majorité des Français estime que l'Etat doit assurer les conditions d'une prise en charge de qualité identique sur tout le territoire grâce à un soutien financier des communes disposant de moins de moyens (76%), quand un sur cinq préfèrerait que chaque Mairie gère seule la mise en place de cette prise en charge en fonction de son budget et des spécificités de son territoire (20%).
Ce sont là des considérations nouvelles d'une nouvelle bataille scolaire pour Vincent Peillon.
Méthodologie : enquête réalisée par téléphone du 1er au 4 août 2012. Echantillon de 1005 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région d'habitation.