Prix de l'essence : la baisse comme marque de solidarité de l'Etat
L'IFOP a réalisé un sondage pour Sud Ouest Dimanche.
Le rapport avec la promesse de baisse du prix de l'essence est étonnant : les Français y voient aussi, voire d'abord, la marque de la solidarité de l'Etat. Par conséquent, l'argument lié à la baisse des recettes de l'Etat ne va pas impacter l'idée d'une modération de ce montant.
Il en ressort en effet :
"C’est dans ce contexte que Jean-Marc Ayrault vient d’annoncer une diminution prochaine « modeste » et « provisoire » des taxes sur les carburants.
Face à cette mesure d’envergure assez limitée, 55 % des Français se déclarent « plutôt mécontents, car le prix des carburants ne baissera que très peu, l’effort financier de l’Etat n’étant pas suffisant ».
Si le mécontentement prédomine assez nettement, il n’est pas aussi massif que ce à quoi on aurait pu s’attendre compte-tenu des fortes attentes qui s’étaient exprimées dans la précédente enquête. 43 %, soit une proportion non négligeable, se disent « plutôt satisfaits, car même si le prix ne baissera que faiblement, l’Etat fait un effort financier important en cette période de crise ».
Dans le détail, on observe bien entendu des réactions différentes selon la sensibilité politique des personnes interrogées.
60 % des sympathisants de gauche sont plutôt satisfaits contre seulement 27 % parmi les proches de l’UMP et 20 % parmi ceux du FN.
Mais le clivage est au moins aussi, voire davantage, marqué en termes sociologiques, la sensibilité à la question du prix des carburants étant très fortement corrélée à l’appartenance sociale.
Ainsi, si la satisfaction vis-à-vis de cette annonce et la prise en compte de la faiblesse des marges de manœuvre dont dispose le gouvernement sont majoritaires (58 %) parmi les cadres supérieurs et les professions libérales, les classes moyennes sont très partagées (48 % de mécontents et 52 % de satisfaits) quand les milieux populaires basculent eux très nettement dans le mécontentement.
Souvent davantage tributaires de leur véhicule pour aller travailler et disposant de niveaux de revenus leur permettant de moins en moins d’absorber les hausses successives des prix à la pompe, les employés et plus encore les ouvriers font montre d’un très grand mécontentement (respectivement 59 % et 76 %). Dans ces catégories très durement impactées par l’augmentation des prix des carburants, l’argument selon lequel une baisse même limitée des taxes représente déjà un effort substantiel de l’Etat en cette période de crise budgétaire ne porte quasiment pas."