François Bayrou subit une correction ou un retournement de tendance
La présidentielle 2007 n'échappe pas à l'ambiance classique des présidentielles antérieures. Son originalité ne réside pas pour l'instant dans l'émergence d'un troisième homme mais dans le niveau d'intentions de votes des deux leaders en tête.
Depuis 1974, date de la campagne réellement contemporaine permettant une comparaison à climat médiatique relativement constant, toutes les présidentielles ont été une compétition à trois candidats :
* 1974 : Chaban-Delmas, Mitterrand, Giscard,
* 1981 : Chirac, Giscard, Mitterrand,
* 1988 : Barre, Chirac, Mitterrand,
* 1995 : Balladur, Chirac, Jospin,
* 2002 : Chirac, Jospin, Le Pen.
Par conséquent, il n'y a pas d'originalité à ce qu'un troisième homme s'invite dans la "compétition au sommet".
L'originalité actuelle réside dans les écarts entre les deux leaders classiques (Sarkozy et Royal) et le troisième homme. Depuis 25 ans, les écarts définitifs pour la qualifications au second tour ont été réduits. Le dernier exemple en date entre Jospin et Le Pen représente moins de 10 voix par bureau de vote...
La vraie originalité de 2007 est actuellement double :
1) l'écart entre le concurrent en tête et ses seconds est considérable,
2) celui qui peut arriver troisième au second tour pourrait battre le 1er à la différence de celui arrivé second au premier tour.
En 1974, Chaban ne pouvait battre Giscard. Il en fut de même en 1988, Barre ne battait pas Mitterrand ; en 1995, Balladur ne battait pas Jospin ; en 2002, la compétition aurait été serrée entre Jospin et Chirac au second tour mais n'aurait jamais atteint une prévision de 53/47.
L'indication de la victoire du second tour ne peut pas ne pas impacter significativement le vote du 1er tour.
Si S. Royal demeure toujours sévèrement battue au second tour (statistique basée désormais sur près de 60 sondages) alors que le troisième candidat (Bayrou) battrait largement N. Sarkozy ; il paraît difficilement envisageable que son camp politique ne pense pas second tour avant même le 1er.
Faute de prochains sondages ouvrant sa possibilité de victoire au second tour, la relance de la progression de Bayrou paraît donc probable.
Par conséquent, à nos yeux, il y a pour l'instant correction de tendance et non pas retournement.