Nicolas Sarkozy élu grâce à la "racaille"
La campagne vit un probable tournant. Les incidents de la Gare du Nord de Paris ne peuvent que conforter le leader UMP face à des insécurités qui exaspèrent l'opinion et ont conduit à une indiscutable droitisation. Si la campagne du 1er tour se termine dans ce climat, la droitisation ne peut qu'aider le candidat UMP et le leader du FN.
L'évolution majeure intervenue ces dernières années est relative à la banalisation des thèmes traditionnellement reconnus comme ceux du Front National.
La dernière enquête du Cevipof montre que l'opinion a même effectué un pas supplémentaire en adoptant désormais une logique de normalisation, voire même d'institutionnalisation de cette formation politique en considérant pour un Français sur deux qu'il serait acceptable que, dans les prochaines années, le Front National ait des ministres dans un gouvernement.
L'opinion Française estime que son pacte identitaire doit être respecté ou les "entrants" doivent quitter le territoire.
C'est une donnée technique qui fait état d'un accord sur ce thème à plus de 53 % dans l'opinion.
Les enquêtes de l'opinion ont progressivement témoigné que l'opinion publique française, à une exception près, n'a pas connu de droitisation majeure mais a pris ses distances par rapport aux repères fondamentaux de la gauche.
L'opinion Française a cassé le schéma de pensée selon lequel la centralité de l'État témoigne de sa force et de sa capacité à mettre en ?uvre une protection efficace.
La gauche a perdu deux ancrages majeurs. D'une part, la remise en question de la place et de l'utilité de l'Etat. D'autre part, sur l'immigration, elle est en profond décalage avec l'opinion.
L'opinion considère que l'immigré doit accepter les règles du pays dans lequel il s'invite. S'il n'accepte pas les règles, l'opinion considère désormais que ce pays peut légitimement prendre des mesures de défense à son endroit.
En dehors de ces deux fragilités de la gauche, les autres thèmes majeurs sont des thèmes de gestion vis-à-vis desquels la droite a traditionnellement un crédit meilleur que la gauche.
Le vrai tournant nous semble résider dans le rapport à l'État.
Ce rapport est désormais frappé par une double crise.
Une crise technique et une crise éthique.
Une crise technique, car l'État ne produit plus les réflexes attendus.
La centralité de l'État n'amène plus un État fort protecteur du citoyen.
L'Etat fort n'est plus un outil technique de sécurité, de régulation, d'efficacité.
Trop d'Etat ne protège pas mais bien davantage trop d'Etat peut s'accompagner d'une crise d'éthique.
La France ne connaît pas encore actuellement une conceptualisation populiste de cette situation.
En revanche, la poussée de l'insécurité et l'aspiration d'un Etat fort ne peut que bénéficier au leader UMP.
Les "racailles" ont désormais un impact tellement repoussoir que leur "montée en puissance" est la meilleure façon de faire gagner celui qu'elles déclarent contre leur "adversaire déclaré" qui paraît dans l'opinion comme le seul rempart face à des désordres désormais très largement désapprouvés dans l'opinion.