Jean Marie Le Pen au-dessus des 20 %
C'est un climat porteur qui se construit en faveur du leader du Front National. Les émeutes de la Gare du Nord ont profondément troublé "la France profonde" qui paye ses impôts, ses tickets, ses amendes ... et qui est exaspérée par le gaspillage dégagé par la casse d'équipements publics. Mais à ce fait majeur de société s'ajoutent tout d'un coup le blocus de Marseille, la relaxe de Frêche, la contestation des statistiques sur le chômage ...: bref un paysage d'une immense pagaille qui ouvre la voie à un vote radical vengeur global contre le "système".
Pendant ces dernières semaines, Bayrou était le "vote modéré contre le système". Mais le vote radical peut rapidement reprendre corps si le "système est gravement défaillant" au point de susciter la colère sourde et profonde.
De nos groupes qualitatifs, c'est désormais ce dernier sentiment qui commence à prendre corps. Les émeutes de la Gare du Nord jouent le rôle de détonateur en rassemblant des sentiments complexes qui ne concernent pas exclusivement la lassitude devant l'irrespect témoigné aux forces de l'ordre mais c'est surtout le sentiment que "la France qui travaille" supporte abusivement "une France qui ne respecte plus rien".
Il ne vient pas à l'idée que celui qui aurait exceptionnellement oublié de payer son ticket puisse donner un "coup de tête" au contrôleur lui exprimant la nécessité de régulariser la situation.
C'est le "coup de tête de trop".
Ce dossier montre pour certains que même les mesures envisagées par Nicolas Sarkozy n'ont pas été assez rigoureuses. Il faut donc passer un message pour franchir encore un seuil. C'est ce message qui prend corps pour un vote extrême.
Si l'on apporte la même correction technique entre le résultat final et l'indicateur du sondage prorata temporis comparativement à 2002, c'est une perspective de plus de 20 % qui est en effet ouverte pour le leader du Front National.