Bernard Tapie et le retour des tempéraments
"Lui au moins il en a" : voilà l'actuelle réaction populaire devant le retour de Bernard Tapie.
C'est le choc culturel face au parcours trop linéaire et trop pastel d'un trop grand nombre de politiciens.
C'est la fin des "histrions".
Bien involontairement, François Hollande est peut-être en train de rendre un très grand service à la démocratie française en entraînant la chute des histrions, cette catégorie de "mauvais comédiens" qui, historiquement,ont repris les ficelles du "métier" dans des conditions tellement grossières que l'audience n'est plus dupe de la comédie. Elle ne se laisse même plus prendre "au jeu".
Les notables socialistes ont vécu dans la ouate de leurs féodalités bien organisées où la qualité de citoyen s'est progressivement effacée derrière celle de clients généralisés : une aide publique, une faveur, un recrutement, un stage, un permis de construire généreusement octroyé ... Presque tout n'est tristement devenu que clientélisme dans la France décentralisée. Une immense Cour du grand Turc où les Princes locaux font vivre à leur guise.
Des contre-pouvoirs ? Presque pas le moindre. L'indépendance d'esprit n'est pas le fort de la psychologie française qui aime, bien au contraire, se vautrer dans la pensée unique, la mode officielle.
Mais au pouvoir d'Etat : tout change. En 2012, il y avait plusieurs candidats qui avaient les qualités pour être Président mais qui n'avaient pas celles pour le devenir. La caricature de ce paradoxe fut Villepin. Il avait l'envergure pour réellement réformer la France en lui donnant une vision mais le passage par la case "campagne électorale" l'emmerdait à un point tel qu'à la fin il donnait même ouvertement le sentiment de ne plus faire l'effort pour le cacher.
Grâce à Hollande, les Français découvrent qu'ils ont élu un candidat qui avait les qualités pour gagner mais pas pour ... présider.
Sa direction paraît vague, floue, incertaine. Son tempérament très docile le rendait efficace pour affronter les péripéties électorales mais pas les choix présidentiels.
Tout d'un coup, ils ont découvert celui qui doit "maîtriser" un destin collectif dans une tempête internationale ne pas être capable de maîtriser sa propre compagne, puis incapable de maîtriser son Gouvernement, puis incapable de maîtriser ses priorités vite rangées au vestiaire ... : d'où l'actuelle crise de confiance.
Comme la crise joue le rôle de révélateur accéléré des tempéraments, les histrions perdent pied. Finalement, dans quelques mois, il sera peut-être temps de dire merci à François Hollande parce qu'il va tourner rapidement une page et provoquer une salutaire prise de conscience ?
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