Grenoble : union sacrée de l'UMP 38 pour tenter de sortir de la zone dangereuse des 15 % ?
Mardi 8 octobre, Jean François Copé va rendre son arbitrage sur la sortie des primaires de Grenoble, suspendues depuis début septembre.
Au départ, tout paraissait réuni pour que cet arbitrage soit tendu, difficile.
C'est la revanche des chiffres. L'UMP 38 semble décidée à tout mobiliser pour sortir de la zone très dangereuse des 15 %.
Mars 2011, ses candidats recueillent aux cantonales de 14, 7 % à 12 % sur Grenoble. Dans l'ensemble de l'agglomération grenobloise, l'UMP 38 ne compte pas un candidat au second tour, preuve si besoin de la gravité de sa crise.
Aux législatives, sur une circonscription avec une partie plus à droite (Meylan), son candidat arrive à 16, 88 %.
L'UMP 38 est scotchée à la zone dangereuse des 15 %.
Une zone qui ne la place ni à l'abri du FN ni à l'abri d'une liste unique de société civile qui viserait un large rassemblement face aux partis politiques.
C'est l'actuel danger.
Les primaires semblent "pliées". Des primaires internes auraient été un compromis minimal sauvant les apparences. Mais le Conseiller Municipal sortant UMP, Matthieu Chamussy, n'y avait plus intérêt depuis la candidature de Richard Cazenave. Il sait que le partage des voix entre eux rendrait très difficile la victoire de l'un des deux.
Si bien que ces derniers jours, un nouveau scénario voit le jour progressivement : l'union sacrée pour sauver le score d'une liste UMP 38 et tenter de la mettre à l'abri pour le second tour.
Tout est préparé pour aboutir à ce scénario à la lecture des communiqués de JC Peyrin, Président départemental de l'UMP 38, ou sur les réseaux sociaux par des proches de l’ancien Maire de Grenoble. C’est l’aboutissement de l’accord du 20 avril 2013 qui, dès cette date, avait ouvert la voie vers une telle évolution. Le samedi 20 avril, les 4 candidats de l’UMP 38 (en dehors de Denis Bonzy seul présent à refuser et non UMP) décident, avant même de connaître le contenu d’un projet commun, de faire … liste commune.
Puis les gestes de gentillesse de Matthieu Chamussy ont été ostentatoires à destination d’Alain Carignon, le leader de l’UMP grenobloise. Il défend le bilan des années 83-95. Il est d’une extrême amabilité à l’endroit d’Alain Carignon lors des réunions de travail échangeant rires et compliments. Dans ce paysage de la grande réconciliation, il y a l’entorse du 27 août. Mais Matthieu Chamussy veille à vite la gommer. Il transforme sa réunion de lancement de candidature le 10 septembre en proclamation de …non-candidature et surtout de … patience éternelle.
L’UMP 38 avait-elle le choix ? Probablement pas.
Elle aurait pu choisir une issue différente : organiser des primaires fermées, ou reprendre le processus des primaires ouvertes, voire même recourir à un “sage” capable d’assurer un rassemblement bien plus large.
Mais c’était accepter une portion congrue pour l’UMP. Or, l’UMP veut une liste “toute UMP”. Et dans ce cadre, Alain Carignon avait exposé à plusieurs reprises qu’il était prêt à donner sa chance à d’autres que lui : ce qui trouverait une illustration avec la tête de liste confiée à Matthieu Chamussy et la place de très haut de tableau reconnue à Benjamin Piton à qui Alain Carignon comme Matthieu Chamussy aurait également indiqué qu'il confierait de nouvelles responsabilités pour l’ensemble des jeunes de cette formation politique.
Alain Carignon se sait influent membre de la commission des investitures au titre de la “droite forte” et membre réputé de l’équipe de reconquête de Nicolas Sarkozy, il va faire un des coups qu’il affectionne : le contre-pied. Tout le monde s’attend à une commission des investitures tendue. Ce sera donc …une simple formalité. Il le peut d’autant plus que Matthieu Chamussy n’est désormais soutenu par aucun parlementaire : même Michel Savin, Sénateur de l'Isère, a pris ses distances publiquement en défendant à juste titre la reprise pure et simple du mécanisme des primaires ouvertes, ce qui serait en effet le dispositif le plus logique et naturel maintenant que les obstacles pratiques sont dissipés.
L’UMP 38 doit s’unir pour gagner la bataille de la première place dans l’opposition. Elle a connu une forte érosion nationale avec la violente querelle Copé / Fillon. Son image de marque locale est encore plus pénalisante. Son socle de départ est donc bas. Si les actuelles deux tendances de société civile (Denis Bonzy et Gilles Dumolard) parviennent à trouver un accord, la compétition sera serrée.
Nathalie Béranger, très proche conseillère de Matthieu Chamussy, a également oeuvré très favorablement à ce schéma comptant sur son amitié réelle et ancienne avec Alain Carignon pour arrondir les angles. Elle pourrait constituer le “ticket” de tête de liste avec son collègue sortant du Conseil Municipal.
La campagne devrait être dirigée par Patrick Ciulla, ancien chef de cabinet d’Alain Carignon et promu administrateur territorial par ce dernier, fonction qu’il a assurée au sein de la Ville de Grenoble avant et depuis 1995. Max Micoud, qu’Alain Carignon avait lancé en politique en mars 1992, devrait animer le comité de soutien.
L’UMP 38 devrait donc en conséquence être en ordre de bataille dès le mercredi 9 octobre dans le calme et dans l'union apparente au moins.
Il reste juste à attendre comment l’opinion et les journalistes habitués aux confidences solennelles des uns et des autres ressentiront la succession de chocs pour parvenir à la fin à un tel dénouement. Ce n’est pas le moindre des enjeux. Le sentiment du “tout ça pour ça” pourrait être redoutable pour les acteurs concernés... ?