La campagne de Nicolas Sarkozy (01/02) (Edito 74)
Depuis le congrès UMP du 14 janvier 2007, la mode est désormais à la reconnaissance de la différence "naturelle" entre le parcours du candidat UMP et celui de la candidate socialiste. Cette appréciation est la traduction la plus manifeste de l'importance du chemin parcouru par le candidat UMP en quelques jours.
En effet, il y a moins de deux mois, trois constats importants étaient formulés en permanence au sujet de l'élection présidentielle d'avril 2007 :
- l'ouverture sans précédent de cette élection. Cette situation était liée à la psychologie de l'électorat qui avait désormais à coeur de s'émanciper des contraintes partisanes traditionnelles. C'était aussi le produit d'interrogations liées aux candidatures pouvant émaner du camp de la majorité sortante. La candidature de Michèle Alliot-Marie était formulée comme quasi-évidente. Celle de Dominique de Villepin constituait toujours une alternative plausible. Il était même souvent fait mention de la candidature du Président de la République?
- Cette ouverture rendait cette élection particulièrement incertaine. Là était le deuxième constat majeur de cette période. La majorité sortante paraissait tiraillée entre des personnalités, entre des générations différentes et par conséquent susceptibles presque inéluctablement de tomber dans le risque de la division donc de la désunion. Un scénario pessimiste prenait naissance évoquant même de plus en plus ouvertement la possibilité d'un second tour opposant la candidate socialiste et le leader du Front National.
- La troisième caractéristique de cette période "vieille" de moins de 90 jours était l'examen fréquent de l'éventualité de la défaite de la droite. Il apparaissait établi que la campagne présidentielle, et tout particulièrement les primaires au sein du parti socialiste, étaient les jalons d'un nouveau paysage politique qui bouleverserait les repères traditionnellement établis. Ségolène Royal était alors présentée comme la personnalité de synthèse permettant de concilier la tradition de coeur de la gauche avec celle de rigueur de la droite. Son slogan "ordre juste" était d'ailleurs à maints égards une formule de synthèse, symbole de cette conciliation.
Tous ces schémas ont été emportés en 15 jours de campagne pour donner naissance à une nouvelle donne dans des délais très brefs.
La seconde quinzaine de janvier 2007 a entièrement emporté ces prévisions montrant d'ailleurs, si besoin était, combien le lancement officiel de chaque campagne électorale est une redistribution totale de la donne.
La seconde quinzaine de janvier 2007 a été en effet pour le leader UMP la fenêtre de tir pour donner naissance à une nouvelle stature en apportant des réponses à trois paris essentiels.
Le premier pari est celui du besoin d'harmonie, de calme, d'union et de cohésion témoigné par le pays. Un véritable recentrage est intervenu en profondeur au sein de l'opinion publique qui évolue vers une cohabitation de certaines qualités des deux camps. Cette cohabitation doit être opérée au sein même du tempérament d'un individu et non pas dans le rééquilibrage des forces politiques. Le congrès d'investiture a été le point de départ de la réponse à ce premier pari. Pendant ce congrès, Nicolas Sarkozy est apparu comme un homme jeune, donc un homme d'avenir, comme un homme de modération, de pragmatisme habité par l'Histoire du pays et de toutes les composantes de cette Histoire du pays qu'il entend représenter.
Le second pari consistait à apparaître comme le candidat de l'union. En quelques jours, l'évolution des chiffres lui a rendu le plus grand service qui soit à savoir l'installer en candidat de la victoire donc de l'union.
Enfin, le troisième pari concerne les réponses apportées à une France en plein désarroi, déconcertée et déchirée entre des courants multiples. Une opinion ayant besoin de trouver de nouvelles certitudes. Le discours du candidat UMP est apparu comme un discours clair, mobilisateur, porté par une nouvelle génération capable de donner naissance à une nouvelle France.