La campagne de Nicolas Sarkozy (02/02) (Edito 75)
Ceux qui pouvaient douter de l'efficacité d'une campagne de communication offensive doivent méditer sur la seconde quinzaine de janvier 2007. En effet, la campagne pour la présidentielle d'avril 2007 vient de terminer sa troisième semaine de déroulement actif. Même si la dernière semaine écoulée a donné une impression de transition ; depuis le 14 janvier 2007, le sentiment global est celui d'une particulière réussite en faveur du leader UMP.
Cette réussite tient essentiellement à la conjugaison de trois facteurs.
Tout d'abord, Nicolas Sarkozy est parvenu à s'identifier au besoin de sécurisation qui entoure la fonction présidentielle.
Ce besoin n'est pas simplement le contrepoint direct à l'insécurité et à la précarité qui caractérisent la période actuelle. C'est une attente plus globale de confiance dans les capacités d'exercice des prérogatives de la plus haute autorité de la vie publique française.
Cette attente passe essentiellement par deux volets. D'une part, l'énoncé d'actions concrètes précises qui doivent être vécues dans un contexte individuel de "micro politique".
D'autre part, la capacité à exprimer de manière sereine un tempérament qui permet d'anticiper sur les décisions qui devront engager le prochain Président et sa faculté à assumer les choix importants ainsi réalisés.
La seconde caractéristique est celle de l'importance croissante de la forme par rapport au fond. Le tournant dans le positionnement de Nicolas Sarkozy a été opéré par les images fortes du Congrès du 14 janvier avec un contenu particulièrement novateur. Une mise en scène qui s'évadait des travers du "people", de la personnalisation et même d'une certaine agressivité souvent dégagée par des rassemblements de ce type. La première journée de campagne a confirmé des images douces cohérentes, de proximité et de collectif avec ce nouveau look d'un leader jeune arborant un pull à col roulé allant en équipe sur le terrain.
Mais surtout, tout au long des jours qui ont suivi, cette nouvelle attitude a été respectée par le nouveau candidat qui a progressivement bénéficié d'un crédit de confiance croissant au fur et à mesure qu'à la même époque son principal challenger connaissait des difficultés multiples.
Parce que ce nouveau profil correspondait à une attente forte de l'électorat, des modifications significatives de frontières des votes ont été obtenues.
Ces modifications traduisent le nomadisme électoral qui caractérise à ce jour l'électorat français, troisième élément fort de cette période.
Nicolas Sarkozy est parvenu à créer des événements visuels récurrents et cohérents. Il a mis en place un dispositif de nature à démultiplier sa communication notamment pour mettre en évidence "en direct" les ratés de S. Royal.
Avec ces trois volets, la campagne Nicolas Sarkozy a mis en relief les fondamentaux de toute campagne moderne de communication :
- créer les conditions d'une évolution d'électorats flottants,
- en mettant en oeuvre une attitude innovante capable de retenir l'attention et montrant une capacité à faire.
Seule cette attitude innovante crée un électrochoc redistribuant la donne.
Cette redistribution peut être d'autant plus forte qu'une part importante de l'électorat est aujourd'hui frappée de nomadisme ou de vagabondage électoral.
Ils zappent rapidement en fonction des initiatives.
Cette évolution est le fruit de la baisse d'influence des partis politiques qui encadraient les comportements des citoyens. Bien davantage, cette autonomie est aujourd'hui revendiquée comme preuve d'autonomie, de liberté individuelle, de sens des responsabilités conduisant à soutenir au cas par cas ; bref de maturité des citoyens.
C'est un phénomène nouveau à ce point pour l'électorat Français. Il mérite d'être observé dans la toute dernière ligne droite et peut donner une portée particulière à la dernière semaine avant le vote.