Elections municipales de Grenoble : de nombreuses inconnues encore

Sur le plan national, contrairement à des prévisions émises il y a quelques semaines, plusieurs tendances se détachent :

1) la confirmation de l'intérêt des Français pour les élections municipales : l'enquête Harris Interactive publiée hier montre que pour les Français résidant dans des communes d'au moins 1 000 habitants pour les prochaines élections municipales à 10 jours du scrutin l'intérêt est à un niveau élevé (74%), voire se renforce sensiblement par rapport à la dernière vague d'enquête +3 points affirmant même être « beaucoup » intéressés.

26% des électeurs indiquent au contraire ne pas s'intéresser à ce scrutin, dont 5% déclarant n'être « pas du tout » intéressés.

Le clivage générationnel demeure, les plus âgés se montrant toujours plus attentifs à cette échéance que les plus jeunes (91%, +6 points, chez les 65 ans et plus contre 59% chez les 18-24 ans, 67% chez les 25-34 ans), avec toutefois un sursaut d'intérêt non négligeable de ces derniers par rapport à la dernière vague d'enquête (+11 points et +6 points respectivement au sein de ces deux tranches d'âge).

2) A l'issue d'une séquence où l'intégrité ou la sincérité de certains responsables politiques de Gauche comme de Droite a été remise en question (affaires Taubira, Sarkozy, Buisson, Copé ...), on observe un léger recul des intentions de vote en faveur de l'UMP et surtout du Parti socialiste pour les prochaines élections municipales.

A l'échelle de la France entière, dans l'hypothèse où l'ensemble des listes seraient présentes dans chaque commune d'au moins 1 000 habitants, les listes de l'UMP ou Divers Droite recueilleraient 35% des votes exprimés (-1 point), tandis que les listes du Parti socialiste ou Divers Gauche rassembleraient 30% des suffrages (soit -3 points).
Les autres formations politiques bénéficient de cette dynamique, même si aucune ne rassemble plus de 9% des voix : 9% pour le Front National (+1 point), 6% pour Europe Ecologie Les Verts (+2 points), 6% pour « l'Alternative » MoDem/UDI (+1 point), 6% également pour le Front de Gauche (stable). Enfin, seul 1% des suffrages exprimés va à une liste d'extrême-Gauche (-1 point) quand 7% citent une autre liste (+1 point) (source : enquête Harris Interactive publiée le 14/03/14).

Sur le plan Grenoblois, 6 tendances semblent se dégager sauf retournements dans la dernière semaine :

1) les deux listes arrivant en tête devraient être celle du PS (Jérôme Safar) et celle des Verts (Eric Piolle). L'inconnue semble résider à ce jour dans l'importance de l'écart davantage que dans l'ordre. L'ordre demeure incertain parce qu'il n'y a pas encore d'écart en faveur du PS garantissant une marge totale de sécurité c'est à dire l'assurance qu'il reste le premier même s'il descend au plus bas de la marge technique d'erreur au moment même où les Verts monteraient eux au plus haut de la marge d'erreur.

Les Verts (+ Parti de Gauche) semblent assurés à ce jour d'un plancher technique de 22 % ce qui serait un score local de plus de 10 points par rapport aux moyennes nationales cumulées de ces deux sensibilités. Si ce montant se vérifie, ce serait la confirmation d'une réelle spécificité grenobloise.

2) Le score de l'UMP (Matthieu Chamussy) au 1er tour semble devoir être très significativement en dessous de la moyenne nationale (pourcentage corrigé des DVD). Si cette prévision devait être vérifiée, cela signifierait que l'UMP n'aurait été capable ni de capitaliser le mécontentement national ni l'usure locale d'un pouvoir PS après 19 années d'implantation ouvrant les questions sur le "leadership" local.

3) L'Alternative (UDI + Modem) donnée sur le plan national à 6 % verrait son score local être réalisé par un centriste soutenu par le seul ... Modem (Philippe de Longevialle). Ce score montrerait à la fois la valeur ajoutée personnelle de ce candidat comme le fait que l'UDI locale n'apporterait aucun "réservoir" à l'UMP locale.

4) Si des scores du FN (Mireille d'Ornano) devaient se confirmer très légèrement en-dessous du seuil de 10 % dans le cadre des enquêtes, la sous-reconnaissance classique d'un vote en faveur de ce parti lors de sondage signifierait la probable présence au second tour avec un pourcentage de 11 à 13 %, ce qui serait assez logique par rapport à l'assiette 2012 de cette formation.

5) Il restera à surveiller le score de l'extrême gauche. Si ce score devait représenter plusieurs points, le dilemne risque d'être intense pour savoir s'il faut alors se reporter sur la gauche de la gauche (Parti de Gauche) dès le 1er tour dans le duel au sein de la gauche. Cet électorat peut-il être "recyclé" par des formations "classiques" ? Cela reste une réelle inconnue.

6) En ce que concerne la liste Nous Citoyens (société civile/ Denis Bonzy), il apparaîtra comme un marqueur de la volonté de changement face aux partis classiques. C'est une dimension peu connue et peu maîtrisable puisque les partis traditionnels ont tendance à "écraser" le reste de l'offre dans la dernière ligne droite tout particulièrement dans l'information nationale. L'opinion s'annonce souvent comme désireuse de sanctionner ces partis traditionnels mais finalement reste très prisonnière des partis qu'elle annonce pourtant régulièrement vouloir ... sanctionner.

Il importe de mettre en relief l'originalité nationale actuelle d'un pourcentage très élevé d'électeurs non fixés, ce qui signifie que des variantes conséquentes peuvent intervenir lors des scrutins.

NB : sur des échantillons de base de 600 personnes, les marges techniques de fluctuations des scores sont de 4,5 points. S'agissant de l'enquête Ipsos - FR 3 Alpes, la fiche technique légale a déjà avéré l'absence de mention "Nous Citoyens" à la différence des mentions des autres candidats. Les autres questions posées restent sans réponse à ce jour.

  • Publié le 15 mars 2014

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