Grenoble : Eric Piolle et la victoire ... programmée

Souvent, l'usage veut que ce soit la fin de l'histoire qui donne une cohérence aux faits passés. Puis, parfois en mal de cohérence, la chance est alors appelée à la rescousse pour trouver l'explication qui corresponde à la raison.

A l'opposé de cette situation, plus les jours passent dans la capitale du Dauphiné, plus la victoire d'Eric Piolle apparaît comme réellement une victoire programmée. C'est le cas en prenant connaissance d'un plan de campagne de son Directeur de communication : Erwan Lecoeur.

Une campagne qui introduit des ruptures profondes, réfléchies, voulues, assumées et qui vont faire vivre une campagne d'une "nouvelle génération".

A la lecture de 33 slides fixant le cap pour la campagne 2014 du leader écologiste, Eric Piolle apparaît comme un leader qui accepte le storytelling, endosse la logique identitaire du vote, assume les contraintes du look et guide même des éléments de langages très stricts.

C'est le roman de la victoire programmée.



Il n'y avait donc pas d'espace pour l'improvisation, pour l'amateurisme, pourtant traditionnels "critères" des campagnes des Verts.

C'est un professionnalisme rassurant qui est progressivement mis en relief.

Même si cette comparaison ne devrait pas "enchanter" Eric Piolle et ses partisans, cette note remarquable ne peut que rappeler celle de début 1982 quand deux jeunes conseillers (Denis Bonzy et Philippe Langenieux Villard) avaient posé sur le papier la rupture d'alors : 4m x 3m, phone marketing, ton optimiste et volontariste qui allaient faire la victoire ... d'Alain Carignon en mars 1983.

La victoire d'Eric Piolle en mars 2014 ne doit rien au hasard et encore moins à la chance.

Elle est liée à l'analyse des évolutions sociologiques, médiatiques et de communication.

Elle a accepté les réalités du marché électoral.



Certes, elle a été amplifiée par les faiblesses de ses concurrents.

Le PS a été paralysé par des rivalités personnelles, la non mobilisation de ses poids lourds locaux ...

La liste de droite conduite par Matthieu Chamussy a été entièrement mobilisée contre une liste dissidente de société civile conduite par Denis Bonzy qui avait participé aux primaires du printemps 2013 avant de les quitter face à leur paralysie manifeste. Il semble qu'aujourd'hui Matthieu Chamussy, ex assistant parlementaire de Richard Cazenave, prenne ses distances avec son ancien patron regrettant que ce dernier ait eu une influence trop grande et trop négative pendant les municipales ...

Mais bien au-delà de ces faiblesses de concurrents, Eric Piolle avait remarquablement préparé sa campagne.

Si le même professionnalisme est mobilisé pour la gestion de la Capitale du Dauphiné, c'est un tournant politique durable qui a été opéré.



  • Publié le 4 juin 2014

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