Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy dans l'incertitude absolue
Les derniers sondages se contredisent manifestement. Bien davantage, les déclarations sur l'alliance PS-UDF troublent une partie des deux électorats respectifs. Quant à Nicolas Sarkozy, s'il fait manifestement la course en tête, la question est celle de l'écart final. Les grands partis n'avaient pas apprécié, à sa juste valeur, la réalité du rejet du "système" par l'électorat. Les deux leaders des principales formations peuvent en faire les frais dans la dernière ligne droite.
Le pays va-t-il purger une fois de plus la crise grave et profonde née en 2004 ?
Si la réponse est oui, les écarts seront faibles et bien des surprises considérables peuvent arriver avec une opinion vengeresse.
Si l'élection présidentielle échappe à ce climat en raison de sa spécificité, la marge de sécurité des deux leaders "naturels" pourrait leur garantir la qualification pour le second tour.
Les groupes qualitatifs montrent en ce moment la réflexion engagée autour de cet axe qui sera le véritable indicateur de l'esprit de la décision de l'électorat.
En réalité, depuis 2004, l'opinion a décroché de la "politique classique". Une dissolution aurait purgé cette ambiance. Mais l'échec de 1997 la rendait impossible de fait.
Depuis cette date, le divorce a été consommé et croissant.
Le poids cumulé des deux candidats de Gouvernement donnera l'ampleur de la crise. Plus ce poids sera faible, plus la contestation sera grande.
Des transferts considérables de blocs électoraux sont en passe d'intervenir :
* les CSP populaires rejoignent le Front National,
* les CSP intermédiaires soutiennent plus que d'ordinaire le candidat UDF,
* l'électorat d'ordre (retraités, commerçants, artisans...) semble prêt à retrouver le FN.
Dans ces conditions, un effet égalisateur se produit. C'est ce qui ressort de nos échantillons à la différence des résultats du sondage Sofres publié ce jour.
Si des sondages de ce type devaient subir un écart considérable avec le score du 22 avril au soir, ce serait un autre facteur de rejet du système car l'opinion penserait que les Instituts veulent la manoeuvrer comme le laissait déjà entendre P. de Villiers hier soir sur France 2.
C'est donc un climat très précaire qui prévaut pour l'instant. L'absence de débat public contradictoire entre les "4 grands candidats" pèse lourd en laissant un prise excessive à l'émotionnel et non pas à la comparaison des propositions.
Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy risquent de payer chèrement ce cadre légal manifestement inadapté.