Emmanuel Macron et la vieille tentation du "techno-crake" au sein du PS français
Emmanuel Macron connait une embellie dans les sondages. C'est classique au sein du PS Français : la tentation du "techno-crake" !
Le 1er à occuper ce créneau fut Michel Rocard dans les années 70. Le PS français avance avec deux appuis : ses traditions étatistes qui le renvoient à son histoire et le souffle du vent de la modernité.
Dans les années 80, ce fut le tour de Laurent Fabius lors du tournant de 1983. Laurent Fabius a quitté son positionnement de « techno-crake » moderne pour revenir aux coalitions de l’ancien siècle dans les années 2 000. Il a tourné la page de la seconde moitié des années 80 qui l’avait vu proclamé champion d’une « société moderne », la « France branchée » qui accepte le marché, l’Europe et les nouvelles technologies. Le 1er semestre 2005 l’a replacé en fidèle héritier de François Mitterrand cherchant à rassembler d'abord la « gauche historique».
Puis, dans les années 90, ce créneau a été occupé par DSK sous Lionel Jospin. Dans ces trois cas, le clivage porte sur les choix économiques et le respect du marché dont les entreprises.
Dans les années 2000, Ségolène Royal a occupé ce créneau mais essentiellement sur de nouvelles thématiques : l'ordre public et la citoyenneté.
C'est au tour d'Emmanuel Macron d'incarner cette famille de pensée. Une famille de pensée que Michel Rocard a présenté de façon très lucide et brutale en 2005 par l’entretien dans le Nouvel Observateur du 20/08/05. Tourner la page des anciennes grilles de lectures pour avoir le courage d’ouvrir une page blanche qui corresponde à la réalité sociologique présente.
Existe-t-il un espace politique pour un parti social démocrate européen en France ? Est-il possible de créer un « New Labour » à la Française et si oui quelles en seraient les conséquences ?
Dans ce cas, quel espace politique se dégagerait ? Des sociaux modérés cohabiteraient-ils encore longtemps avec leurs collègues dirigistes ou franchement libéraux ?
C’est l’ensemble de l’échiquier politique qui pourrait ainsi vivre une recomposition historique qui n'est jamais intervenue.
C’est le débat majeur qui se pose aujourd’hui à l’ensemble des décideurs publics. Ils savent que les nouvelles frontières imposeront des recompositions parfois aventurières à l’origine. Mais n’est ce pas le prix de la clarté ultérieure qui seule permet d’avancer ?
Au moment où la France prend du retard dans de très nombreux domaines avec des citoyens en proie à un mal-être préoccupant, qui sera le 1er leader à « franchir les lignes jaunes » habituelles ? Emmanuel Macron peut-il être l’auteur de cette évolution ? S’en remettra-t-il aux vents classiques ou succombera-t-il à l’appel du large ? Est-ce possible avec le soutien des sondages mais sans formation politique ?
Ce qui est sûr c'est que le "phénomène Emmanuel Macron" correspond à une tendance ancienne au sein du PS français. Mais une tendance qui n'a jamais été majoritaire pour le moment.