Eric Piolle face à sa première épreuve d'écolo-technocrake
Eric Piolle fait face actuellement à sa première véritable épreuve depuis son installation en mars 2014. L'enjeu n'est pas le bras de fer avec les commerçants mais la construction même de son image de marque.
Une image de marque très habilement construite pour les municipales dans cette ville de Grenoble qui, en pleine crise nationale du PS, a respecté son snobisme de gauche en se jetant dans les bras d'un candidat écologiste, "l'autre gauche".
Mais pas un candidat écologiste comme les "autres Verts". Eric Piolle c'est l'écolo-technocrake. C'est ce mélange qui a permis de répondre à la sociologie de la ville.
Il est écologiste mais avec les pieds sur terre et la tête dans les calculs scientifiques comme son métier d'ingénieur peut l'assurer.
La ville est jeune. Eric Piolle l'est aussi. La preuve, si besoin était, il se déplace à ... vélo.
Sa structure démographique comme sa composition sociologique la "vouent " à la gauche. Mais là encore pas "n'importe quelle gauche". La "gauche de Grenoble" doit être "éclairée", bonne gestionnaire, d'envergure nationale pour répondre à la fierté de cette ville qui ne parvient pas à oublier qu'elle fut olympique même si de nombreuses décennies sont passées depuis.
La victoire d'Eric Piolle était donc programmée pour être associée à l'innovation et à la référence nationales. Le tout dans un contexte de sympathie, d'un "pouvoir cool". Là encore la preuve par l'image devait ancrer cette "image cool" : une équipe jeune, décontractée, qui défie les codes de la politique classique y compris (voire surtout ?) les codes vestimentaires qui se voient immédiatement.
Tout était réuni pour que ce scénario dure. Le PS local a manifestement perdu le goût du combat en dehors de quelques coups sporadiques. L'ex-UMP est toujours empêtrée dans des combats d'apparatchiks éloignés de la sociologie de la Ville pour de multiples raisons. Mais dans ce paysage idéal pour l'actuelle majorité municipale, les commerçants mettent en relief trois griefs : l'insécurité, la non-propreté et surtout la disparition des commerces.
Or sur ces trois terrains, l'innovation s'éloigne. Pire encore, en pleine "tempête", la communication municipale reste silencieuse. Le pouvoir ne serait-il pas aussi "cool" qu'il n'y paraissait ?
La gestion du "défi des commerçants", affichettes à l'appui, ce n'est pas la question des commerces, c'est le contenu même de l'image de marque d'Eric Piolle. La ville se serait-elle trompée ?
Eric Piolle 2017 [clip] par grenoble_pour_tous
C'est désormais le véritable défi d'Eric Piolle et de son équipe. Ce sont de bons professionnels de la communication. Ils devraient trouver la réponse adaptée pour que Grenoble continue sa lune de miel avec son écolo-technocrake. Les prochaines semaines mériteront donc une attention particulière. La réponse trouvée en dira long sur la capacité à faire durer le storytelling de mars 2014 qui a été d'une réussite remarquable.