Marion Maréchal-Le Pen et le vrai tournant des 18 - 30 ans
Très importante enquête réalisée en ligne le dimanche 6 décembre 2015, auprès d’un échantillon de 705 personnes âgées de 18 à 30 ans, issu d’un échantillon représentatif de 4 024 Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région de l’interviewé(e) et taille d’agglomération.
Dans le cadre du premier tour des élections régionales de décembre 2015, 20 Minutes a demandé à Harris Interactive d’analyser le comportement électoral des jeunes de 18 à 30 ans. Comment les jeunes ont-ils voté par rapport à l’ensemble des inscrits ayant exprimé un vote ? Font-ils état de motivations de vote ou d’abstention différentes du reste de la population ?
Quels sont les principaux enseignements de cette enquête ?
Par rapport à l’ensemble des exprimés, une abstention élevée et un déficit du vote en faveur des listes de Droite qui se transpose pour partie sur le Front National. Les jeunes de 18 à 30 ans ayant choisi d’exprimer un vote en faveur d’une liste indiquent davantage que la moyenne avoir voté lors de ce premier tour des élections régionales pour une liste du Front National (34%, contre 28,4% en moyenne en France Métropolitaine).
Leur vote s’est en revanche nettement moins porté sur les listes des Républicains-UDI-MoDem (19%, contre 27,1%) et un peu moins que l’ensemble des exprimés sur les listes PS et alliés (22%, contre 23,5%).
Relevons qu’ils ont un peu plus que la moyenne voté en faveur des listes Front de Gauche et/ou ELLV (12%, contre 10,9%). Mais ils se distinguent avant tout par un niveau d’abstention élevé (64% contre 49% en moyenne). En cela, ils affichent un comportement électoral assez similaire à ce qui avait pu être observé lors des élections départementales de mars 2015 ou les élections européennes de 2014.
Une thématique de l’emploi importante pour ces jeunes électeurs. Les jeunes de 18 à 30 ans ayant exprimé un vote déclarent, tout comme l’ensemble des électeurs, que les enjeux qui ont le plus compté dans leur vote sont l’emploi (47%), la sécurité (34%) et l’immigration (32%). Ils mettent particulièrement l’accent sur le premier thème (+6 points par rapport à l’ensemble des exprimés). Les autres réponses données par les jeunes s’écartent assez peu de la moyenne des résultats. Soulignons qu’ils mettent un peu plus en avant la thématique du logement (16% contre 10%) mais moins celles ayant trait à la fiscalité (14% contre 22%), la santé (13% contre 16%), l’avenir de l’institution régionale (9% contre 12%) mais surtout les retraites (3% contre 16%) ou la prise en charge des personnes âgées (3% contre 8%).
Un vote FN qui s’affiche davantage comme un vote d’adhésion.
Tout comme les personnes plus âgées ayant opté pour le même bulletin, les jeunes de 18 à 30 ans qui déclarent avoir voté en faveur du Front National expriment comme première motivation le souhait de changement (43% contre 48% en moyenne). Constatons qu’ils déclarent nettement moins que la moyenne des exprimés en faveur du FN avoir voulu, à travers leur vote, exprimer leur mécontentement à l’égard des partis de Gauche et de Droite (15% contre 33%).
En revanche, ils mentionnent un peu plus que la moyenne avoir fait ce choix parce qu’ils pensent que le Front National a un programme qui peut améliorer la situation de leur région (26% contre 22%), parce qu’ils font plus confiance aux candidats FN qu’à ceux des autres forces politiques (26% contre 20%) ou encore parce qu’ils ont le sentiment que les candidats frontistes se préoccupent des gens comme eux (23% contre 18%) et sont compréhensibles lorsqu’ils parlent (16% contre 13%).
Des jeunes qui apparaissent plus sensibles à travers leur comportement électoral à l’actualité récente. 27% des jeunes de 18 à 30 ans indiquent avoir voté alors qu’ils hésitaient à le faire en raison du score que le FN pouvait réaliser dans leur région. De même, 23% indiquent avoir été poussés à voter par les attentats terroristes commis en région parisienne le 13 novembre dernier quand seuls 13% reconnaissent la même influence à la tenue de la COP21 à Paris. Dans tous les cas, les jeunes affirment davantage avoir participé au scrutin suite à ces actualités que l’ensemble des inscrits (respectivement +7, +8 et +6 points par rapport à l’ensemble de la population inscrite sur les listes électorales). Au-delà de leur participation, ces différents éléments ont pu influer sur le choix de vote des jeunes électeurs.
Ainsi, les attentats terroristes semblent avoir influé sur le choix de vote de 24% des jeunes ayant exprimé un vote, le score potentiel du FN sur le vote de 22% d’entre eux et enfin la COP21 sur le vote de 17% d’entre eux. Là encore, ces résultat sont plus importants que pour l’ensemble des exprimés (respectivement +9, +4 et +10 points).
Deux autres enseignements méritent l'attention. D'une part, les sondages étaient justes. Depuis le 1er tour de 2002 avec l’élimination de Lionel Jospin à la présidentielle d’alors, pas une élection qui ne donne pas lieu au procès des sondages. Là, les sondages ont été justes et de longue date. C’est un point qui mérite d’être noté. Les sondages avaient alerté. L’alerte des sondages n’a donné aucune correction avant vote. C’est un signe à retenir.
D'autre part, aujourd’hui en dehors de l’agitation des états-majors politiques et de militants enfiévrés, il n’y a pas de commentaire particulier dans l’opinion. C’est un score considéré comme banal, ordinaire. On est loin de l’ambiance du 21 avril 2002. C’est aussi un point à méditer.
Avec ce constat sur les chiffres des 18 - 30 ans, le profil de Marion Maréchal-Le Pen devient emblématique : une présidence de Région à moins de 30 ans, c'est tout le visage du Front National, voire de la droite, qui peut changer. La Région Provence devient le véritable test n° 1 du 13 décembre.