L'enquête CEVIPOF : une crise de régime d'une extrême gravité
Classiquement, il faut dissocier les crises dans le régime et les crises de régime. Les premières naissent et vivent avec des désaccords profonds ponctuels. Donc le régime survit dès que ces désaccords disparaissent.
La crise de régime, c'est lorsque le socle même de la confiance dans un régime institutionnel est cassée. C'est le cas désormais.
Le CEVIPOF est le centre de recherches de Sciences Politiques Paris. Il effectue une fois par an un baromètre de la confiance sur des bases techniques très complètes et sérieuses.
Cette enquête est intervenue en décembre 2015.
Les chiffres ont été publiés sur janvier 2016.
Ces chiffres donnent une image terrible de l’actuel état d’esprit des français dont les tableaux aux pages suivantes :
- page 11 : Q : ce qui se passe dans le monde a-t-il un impact sur votre vie ? Oui : seulement 29 %. Non = 53 % et non pas du tout = 17 %
Avec de tels chiffres comment est-il possible de sensibiliser les français aux contraintes de la compétition internationale ?
- page 27 : la démocratie fonctionne bien en France ? Pas bien = 67 %
- page 31 : le taux de confiance dans les partis politiques : 12 %
- page 32 : le taux de confiance dans les chiffres publics : score le plus élevé : chiffres sur la hausse des prix = 38 % !
Chiffres sur le chômage : 28 % de confiance pour 70 % de défiance.
- page 34 : respect par rapport à la politique : 2 % ! pour 33 % de ... dégoût.
- page 51 : chiffres élevés sur les thèmes “si les chômeurs voulaient travailler, ils trouveraient du travail” et il “faut réduire le nombre de fonctionnaires”.
- page 54 : il faut augmenter la liberté des entreprises : 60 % d’accord pour 43 % en 2009.
Il faut réglementer les entreprises : 37 % (à comparer aux 60 % qui sont pour davantage de liberté).
- page 76 : faut-il des experts qui décident à la place des politiques : oui à 59 % !
- page 83 : le personnel politique est-il honnête : 22 %. Est-il corrompu = 76 %.
C’est un crise de régime inédite qui couve avec une opinion aussi réfractaire à la politique et empêtrée dans des contradictions aussi manifestes mais surtout dans une répulsion aussi généralisée face à sa représentation politique.