Grenoble : Pierre de Villard demande la vérité des chiffres
Loin de tout tintamarre politicien ou médiatique, Pierre de Villard vient d'adresser à Eric Piolle une lettre ouverte qui constitue un véritable test pratique. Du concret et non pas des petites formules.
Qui est l'auteur de cette lettre ouverte ? Pierre de Villard est l'un des entrepreneurs emblématiques de la Ville de Grenoble. Un entrepreneur à succès qui a bâti un groupe immobilier considérable. Mais surtout un entrepreneur citoyen qui a toujours vécu un parcours électif engagé bien avant que ce ne soit la mode de la "société civile".
Que propose-t-il ? La vérité des chiffres dans un cadre pluraliste. Car c'est tout le problème de la politique grenobloise actuelle. La crise financière est de quelle ampleur ? Et comment cette crise peut-elle être surmontée par des propositions réalistes élaborées dans la concertation et le pluralisme ?
A qui effectue-t-il cette proposition ? A un maire qui se veut "l'artisan de la co-construction citoyenne" des projets. Sur ce créneau de la "co-construction citoyenne" cher à Eric Piolle, Pierre de Villard répond : "chiche ! Je suis prêt !". Par conséquent, comment comprendre qu'Eric Piolle puisse refuser une "co-construction citoyenne" sur un sujet de cette importance a fortiori dans un calendrier de rentrée qui devrait être l'occasion de remettre à plat ce sujet qui avant enflammé la ville de Grenoble avant la coupure d'été au point de ne permettre la tenue de Conseils Municipaux que sous la protection de cordons de CRS.
La lettre ouverte est la suivante :
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Monsieur le Maire,
A 81 ans, j’ai hésité longtemps avant d’écrire cette lettre. Si je le fais aujourd’hui, c’est pour tous ceux qui, comme moi, ont participé à un titre ou à un autre à faire évoluer notre ville pour qu’elle devienne ce qu’elle était. Plus de 55 ans à s’intéresser à la chose publique laisse des traces et nous rend particulièrement sensibles à ce que nous pouvons considérer comme des erreurs ou des décisions purement politiciennes.
J’ai connu Cinq Maires , le Docteur Michalon qui a obtenu pour notre ville les Jeux Olympiques et construit la nouvelle Mairie ,le marché d’intérêt national, le grand bâtiment de l’hôpital des sablons, Hubert Dubedout qui a géré cette période importante, pré et post Olympique avec succès, se torpillant lui-même au troisième mandat en favorisant l’entrée en force des communistes dans son conseil, Alain Carignon qui s’est révélé un bâtisseur à qui l’on doit le Tramway, Europole, le nouveau Musée National et son parking de plus de 700 places, le nouveau Palais de justice, le doublement du Parc Bachelard, le parc Pompidou, le Summum, la voie sur berge, la rénovation de la gare ,ESC Grenoble Quartier Europole, transformation de la régie du gaz en GEG, l’extension de la maison de la culture, premières pistes cyclables ; le pont d’Oxford, premier tronçon de l’autoroute A51etc…. Michel Destot , auteur de la municipalisation de la gestion de l’eau qui a coûté une fortune aux Grenoblois, (voir mon livre Carignon Destot Avriller la fin d’une Histoire d’eau, que vous trouverez ci-joint ) qui a aussi lancé la bétonisation de la ville en commençant par la caserne de Bonne, et qui a été l’auteur de la suppression de nombreux Parkings du centre-ville. Il a géré les acquis tout en critiquant son prédécesseur sans vraiment régler les problèmes, et.. maintenant vous-même, Eric Piolle, vous avez su capter, pour être élu, l’électorat féminin mais aussi profiter de la division de la droite, et de la compétition et des rancœurs de la gauche.
Ceci étant acquis, Je respecte le vote démocratique.
Nous aurions pu penser qu’après une période de gestion de 19 ans de la Gauche, à laquelle votre formation a largement participée, vous vous abstiendriez de prendre des positions purement dogmatiques et dangereuses, et que vous vous attaqueriez très vite aux problèmes que votre formation dénonçait : Sécurité, finance, espaces verts etc..
Je ne suis pas de ceux qui vous reprocheront un passé quelconque dans une entreprise fut-elle à Singapour et vos compétences sur l’optimisation financière. Je pense au contraire que cette expérience aurait pu apporter un plus à la ville que vous êtes maintenant chargé de gérer.
Malheureusement je constate que votre action en deux ans et ½ annule tous les efforts de vos prédécesseurs, rend la ville dangereuse, prend des options purement dogmatiques qui menacent la vie de nombreuses entreprises du centre-ville, en particulier les commerçants et les emplois qui vont avec. Vous régnez en véritable despote qui n’écoute personne vous contentant d’affirmer à ceux qui ne sont pas contents que vous êtes là jusqu’en 2020 et peut-être plus.
Vous êtes le champion de la communication par des coups qui ne présentent qu’une partie du problème : Suppression de la pub à Grenoble : vous enlevez les « sucettes DECAUX », vous vous faites photographier lors de la plantation de l’arbre qui les remplace, sans en donner le coût ni celui des immondes totems en bois que vous mettez à la place . Vous vous faites photographier sous les nouveaux panneaux 30 Kms heure à côté d’un autre panneau où il est inscrit « Vous êtes dans une métropole apaisée » comme si Grenoble, depuis votre arrivée, s’était subitement apaisé par vos seules incantations … Vous coupez les arbres de la Place Victor Hugo et bien d’autres sans concertation et vous vous apprêtez à élargir la zone Piétonne sans l’avis des utilisateurs en souhaitant généraliser les transports en commun, les vélos, tout en réduisant la voiture au maximum.
De mémoire de Grenoblois, vous êtes le premier Maire à agir de la sorte, les décisions concernant la vie de la Cité me semblent pourtant mériter un peu plus de considération et de concertation.
J’ai été Président pendant plus de 14 ans de la Fédération des PME appelée à l’époque La Fédération des groupements commerciaux et professionnels de L’Isère qui regroupait plus de 30 syndicats professionnels allant du syndicat de l’automobile, au syndicat des taxis, au syndicat des Boulangers, des bouchers, aux syndicats des commerçants non sédentaires etc… Nous représentions la totalité des élus commerce et service de la Chambre de commerce de l’époque. J’avais créé, en plus, la Fédération des unions commerciales pour regrouper les quelques 2O unions commerciales existant à ce moment-là à Grenoble et en périphérie immédiate.
A l’époque quel que soit le maire il n’aurait pas pu prendre de décision touchant la sécurité ou la circulation ou tout autre sujet concernant la vie des entreprises dans la ville sans une réelle concertation avec nos organismes et la CCI présidée alors par notre regretté ami René Michal.
Aujourd’hui vous décidez de la vie ou de la mort de nombreuses entreprises et des emplois correspondants sans vous assurer de l’assentiment du plus grand nombre. Cela devient dramatique. La sécurité est déplorable, plus de caméras, pas de police armée, l’on ne peut plus circuler et se garer, la ville est mal nettoyée. Et maintenant le bouquet, vous voulez agrandir la zone piétonne sans avoir en périphérie prévu les parkings nécessaires pour ce type d’opération, ce qui équivaut à un suicide collectif.
Dans le même temps, vous refusez de faire un audit financier, vous vous défaussez au maximum sur la métropole, avec des méthodes de gestion interne surprenante : reprise en direct de la gestion du Palais des sports sans créer une unité de gestion spécifique, vous ne gérez pas vos frais généraux : personnel, dettes, et vous continuez à avoir des dettes toxiques, une vraie bombe à retardement dont vous avez héritée de votre prédécesseur mais qui explosera à la tête des Grenoblois s’il y a le moindre dérapage des taux d’intérêts et des monnaies Européennes . Pour une ville qui est déjà championne de la fiscalité, cela promet des lendemains qui chantent…..
De mon temps qui n’est tout de même pas si vieux, vous auriez eu dans la rue des fourches et des balais !!!!!!!!!!!
Toute cette longue dissertation, monsieur le Maire, pour vous demander, de la part des plus anciens de cette ville qui ont passé des années à trimer pour faire de la ville de Grenoble ce qu’elle était, de ne pas la saccager, de ne pas la sacrifier, de ne pas gaspiller ce capital que nous vous avons confié, de ne pas sacrifier notre tranquillité, notre sécurité, notre porte-monnaie, nos emplois, sur l’autel du dogmatisme qui ne peut mener qu’à des catastrophes. Nous voulons pouvoir au moins circuler sans la peur au ventre d’une agression, dont personnellement j’ai fait l’expérience, devant mon salut à ma canne à pommeau en cuivre que je ne quitte plus.
Je ne veux pas à mon âge reprendre du service comme me l’a demandé récemment un de mes anciens vice-président, mais il y a des jours où votre attitude me montre que si cela continue, il faudra en effet reprendre les fourches et les balais, et cela n’attendra pas 2020.
Bien que je sois retiré des affaires et de la vie publique croyez à tous mes regrets de cet amer constat que je souhaite ardemment voir amélioré. Si je peux y contribuer je suis prêt, avec quelques autres, à prendre ce risque et vous donner quelques idées….dans la mesure toutefois où nous avons une chance d’être écoutés.
En attendant, Je vous prie de croire Monsieur le Maire à l’assurance de mes sentiments distingués.
Pierre de Villard Ancien conseiller Municipal de Grenoble Ancien conseiller Général de l’Isère Ancien vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie . Ancien Chef d’entreprise. Conseiller du Commerce extérieur de la France.
PS : Vous avez, lors d’un conseil municipal, fait respecter une minute de silence pour la mémoire des disparus dans l’atroce attentat de Nice .Je vous en félicite. Mais si mes informations sont bonnes, vous avez aussi chanté la Marseillaise et quatre de vos élus sont restés ostensiblement assis pendant notre Hymne National .Permettez-moi de vous faire part de mon indignation en vous demandant de prendre des sanctions contre ces élus qui ne respectent pas la République. C’est peut être leur droit, mais si notre pays ne leur convient pas, la porte du conseil Municipal doit être grande ouverte, ils n’ont plus rien à y faire comme élus.
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