Emmanuel Macron et l'appel de Michel Noir le 6 décembre 1990
Il faut remonter au 6 décembre 1990 pour dresser une comparaison solide entre la démarche d'Emmanuel Macron et celle d'un autre "rebelle" : Michel Noir.
Le 6 décembre 1990, Michel Noir publie une déclaration sous le titre "la France est malade" qui résume presqu'à l'identique le diagnostic dernièrement dressé par le Mouvement En Marche.
Dans la foulée de sa déclaration, Michel Noir provoque des législatives partielles (3 dont la sienne), crée un parti (Nouvelle Démocratie) et part à l'assaut d'une nouvelle politique. Il quitte le RPR et choisit une voie indépendante.
Son texte du 6 décembre 1990 est fort. Il dresse un diagnostic et identifie des actions qui sont un véritable choc. Près de 30 ans plus tard, ce texte reste ... d'actualité. Peut-être même encore plus lucide qu'en 1990. C'est dire combien la France n'a pas bougé depuis cette date.
Dans la foulée de sa déclaration, Michel Noir va connaitre deux réactions :
- d'abord dans l'opinion, Michel Noir reçoit un réel soutien,
- ensuite, dans les partis politiques, Michel Noir fait l'objet d'un feu nourri d'attaques de tous les côtés.
Ces deux volets sont d'ailleurs très liés. Les attaques des partis politiques sont d'autant plus vives que le soutien de l'opinion est grand.
Mais entre cette époque et l'actuelle, il y a deux changements majeurs. D'une part, en 1990, la France est à 5 ans de la prochaine présidentielle. C'est donc long. Et Michel Noir en réalité visait à prendre des forces pour probablement lancer une OPA sur le RPR d'alors. D'autre part, les réseaux sociaux n'existent pas. L'information est peu décentralisée. Les habitudes sont très hiérarchisées et le rejet du système politique est considérablement moindre que la situation actuelle.
Cette offensive de Michel Noir est la dernière opération qui aurait pu faire changer d'époque la vie politique française. Après cette offensive, tout a été "repris en main". C'est là où la logique d'Emmanuel Macron est très différente et intéressante : une opération commando qui en 6 mois propose l'électrochoc par le suffrage universel direct. C'est cette culture commando qui est probablement la seule à secouer les partis politiques traditionnels. Reste bien entendu à savoir si l'opinion publique française est prête à participer à un tel assaut ? Une opinion qui parle beaucoup de changement mais qui pour le moment n'a jamais montré sa capacité à passer aux actes dans ce domaine ...