Emmanuel Macron et la politique "boys band"
L'actuel score d'Emmanuel Macron donne lieu à des interprétations souvent très éloignées de la réalité. Pour bien identifier l'ampleur de la percée d'Emmanuel Macron, il importe de marquer les ruptures portées.
Sous la Vème République, la "troisième voie" n'a jamais réussi. Les échecs vont de Jacques Chaban Delmas (1968) à François Bayrou (2012). Et les échecs ont été constants : Rocard, Delors, Barre ... Sur le fond de l'échiquier politique, c'est donc un succès sans précédent à ce jour.
Ce préalable opéré, il faut donc chercher à identifier pourquoi cette "troisième voie" hier impossible deviendrait possible soudainement en France ? Par mimétisme avec l'étranger ? Non. Obama ou Trudeau avec lesquels l'équipe de Macron cherche à créer une identité commune ne répondent pas à une "troisième voie" dans leurs pays respectifs. Ils sont bien ancrés dans la tradition de vieux partis qui ont vécu et qui vivent les chocs classiques.
Est-ce le programme d'Emmanuel Macron qui crée la différence ? Le programme d'Emmanuel Macron est très peu connu. Très rares sont les personnes qui sont capables de citer plus de trois mesures concrètes. Il n'y a pas de ruptures de fond qui sont fortement visibles pour l'opinion. Il n'y a même pas de ruptures de fond majeures vis à vis d'un quinquennat qui prend fin. Là encore c'est qu'il importe de chercher ailleurs.
L'ailleurs, c'est l'histoire portée par un physique qui est la rupture totale, immédiatement visible, avec les clichés d'un personnel politique sortant devenu répulsif. Emmanuel Macron c'est d'abord la "politique vidéo clip" qui s'alimente d'images pour promouvoir une personnalité. C'est un lancement qui correspondrait pareillement à une jeune vedette du cinéma ou de la chanson. Une exposition médiatique totale avec une image douce, souriante, consensuelle. C'est la politique "boys band". sauf qu'en l'espèce le groupe est ... un.
C'est une réalité qui n'est pas du tout péjorative. Bien au contraire c'est la réalité d'une politique qui vit au rythme des images. Et les images deviennent le ... contenu, la promesse. Là est le parallèle juste avec Obama et Trudeau. Ils ont été les annonciateurs de cette vague qui correspond aux réseaux sociaux qui se nourrissent d'images. C'est le véritable tournant de la présidentielle 2017.