Emmanuel Macron très probable vainqueur du débat de ce soir
A quelques heures du débat de ce soir, les pronostics vont bon train. Et pourtant, toutes les tendances classiques conduisent à prévoir avec une réelle marge de sécurité qu'Emmanuel Macron sera le très probable vainqueur du débat de ce soir. Pourquoi ?
D'abord, parce qu'un débat TV, c'est le choc des images. Le premier contenu, c'est ... l'image ! Et avec une opinion qui attend le changement, Macron porte sur lui le "changement visible" : l'âge, la jeunesse, le sourire, une forme de félinité. Le contraste des images sera redoutable pour les autres candidats à l'exception de Benoit Hamon qui peut concurrencer Emmanuel Macron sur de tels registres.
Ensuite, un débat de ce type ne se prépare pas dans les derniers jours. Il se prépare sur 20 ans de travail. C'est comme les grands concours. Les derniers jours ne comptent pas. C'est une vie de travail qui donne le fond et surtout le naturel. Car c'est d'abord une question de naturel. Et le naturel ne se résume pas à des fiches.
Enfin, il ne faut surtout pas aborder un tel débat en leader. Le leader déçoit dès qu'il ne creuse pas l'écart. Or face à de tels professionnels des débats, l'écart ne peut pas être creusé. En revanche, celui qui "égalise" les "vieux routiers" devient la "révélation" et le vainqueur. C'est le positionnement d'Emmanuel Macron.
Par conséquent, toutes les tendances classiques conduisent sérieusement à laisser prévoir qu'Emmanuel Macron sorte vainqueur du débat de ce soir.
La télévision est née en politique en 1960 aux Etats-Unis et lors de la présidentielle de 1965 en France lors de séquences de ce type.
Cette entrée en scène allait modifier totalement les campagnes électorales.
Dans un premier temps, les règles furent simples pour « bien passer à l’écran » :
- il fallait d’abord « présenter bien ». Derrière cette notion ce n’est pas être plus instruit, plus vif, mieux informé. C’est tirer le meilleur parti de la caméra : un regard, un doigt pointé vers elle, un sourire, une émotion…
- puis le contenu a dû s‘adapter à son tour. Faire bref, introduire de l’humour, des exemples pratiques…
Progressivement, la télévision a franchi de nouvelles exigences.
Trois nouveaux repères se sont imposés.
Tout d’abord, le style. L’image emporte le contenu ou plutôt l’image est le contenu. Ainsi, par exemple, le moindre signe de nervosité est la démonstration que le candidat n’est pas maître de lui-même.
Ensuite, la télévision ne fait plus gagner mais elle fait perdre. Parce qu’elle est devenue d’abord détectrice de fautes, la télévision fait perdre. L’enjeu principal n’est donc plus de gagner un débat mais de ne pas avoir été « le maillon faible ». La télévision élimine. Elle ne promeut plus.
Enfin, la télévision dévore l’inédit et le spectaculaire. Un bon débat télévisé doit pouvoir compter sur du sensationnel de la part d’un participant. Ce sensationnel va alors donner naissance à toute une chaîne d’interactions permettant aux autres médias de retrouver un espace d’informations. C’est ce sensationnel qui va coller à la peau du débat et en devenir le résumé emblématique. C'est ce critère qui peut ce soir priver Emmanuel Macron d'une victoire. C'est le créneau de François Fillon pour vivre un rebond éventuel.
Par conséquent, les vraies questions pour le candidat sont désormais au nombre de 3 avant d’aborder un débat télévisé :
- quelles images seront fondatrices de son style ?
- quelles marges de sécurité dispose-t-il pour ne pas être la « victime » du débat ?
- quelle annonce ou quelle révélation peut-il opérer pour construire le temps fort du débat ?
Ce qui va être nouveau techniquement avec les réseaux sociaux c'est l’interprétation immédiate post-débat qui est désormais un temps fort majeur. Qui va gagner le débat post-débat sur les réseaux sociaux avec la mobilisation des équipes de campagnes ? C'est peut-être le principal enjeu de ce soir ... ?