Emmanuel Macron : à peine installé, déjà usé ?
L'actuel trou d'air d'Emmanuel Macron dans les sondages en dit long sur les attentes de l'opinion face à leur Président sous la V ème République. A peine installé, Emmanuel Macron est-il déjà usé ? Une question qui impose un regard précis sur les conditions de fonctionnement de la V ème République.
Emmanuel Macron est probablement trop vite tombé sous les travers de la V ème République comme monarchie qui referme l'élu sur lui-même, dans les Palais, mais surtout dans un Palais de miroirs. Au milieu d'une Cour qui vante ses qualités en permanence.
Pendant la campagne, Emmanuel Macron était le héros moderne de la politique du XXI siècle. Il a le charme physique nécessaire dans la période de la primauté des images. Mais dans la campagne, son "charme" va au-delà : il est sympathique, rassurant, chaleureux. Il est sympathique parce qu'il est le seul candidat à pratiquer le sourire à ce point. Totalement assumé. Il est rassurant parce que son passé dit à l'opinion qu'il sait manier les chiffres, tenir les comptes. Et il est chaleureux : il casse la croûte sur une aire d'autoroute. Ce sont ces images qui ont fait le succès d'Emmanuel Macron.
Pourquoi ? Parce qu'une idole s'impose moins par ses qualités réelles que par sa capacité à incarner les désirs que l'opinion veut investir sur cette idole. Ce désirs avaient pour noms : sympathie, solidité, chaleur.
Et à peine arrivé à l'Elysée, ces désirs de l'opinion sont contrariés. Le "héros moderne" devient le Président de ... 1958. Son regard devient plus sévère tout particulièrement lors de la polémique avec les armées. Il perd alors en sympathie.
Il semble plus indécis dans certains dossiers. Il annonce que Trump va peut-être réintégrer l'Accord de Paris. Mais vendredi dernier, le Département d'Etat officialise le retrait avec des précautions diplomatiques.
Il est moins chaleureux parce qu'il s'auto-proclame Jupitérien. C'est à dire par définition lointain, supérieur.
En quelques semaines, l'image perçue est troublée. L'élu ne correspond plus au candidat. C'est le défi actuel de la communication d'Emmanuel Macron et de ses conseillers. Doit-il rompre avec les valeurs portées lors de sa campagne ou les retrouver ? C'est le vrai rendez-vous de fond de la rentrée de septembre 2017.