Mark Zuckerberg et l'enjeu de fond : le medium fait-il la victoire ?
Derrière la stratégie éventuelle de Mark Zuckerberg dans la course à la présidentielle 2020, il y a un enjeu de fond : et si c'était le medium qui faisait le "bon" candidat donc la victoire ?
Du temps de l'imprimerie, un candidat devait être une bonne plume. Les mots occupaient tout l'espace. Puis avec la radio, il fallait être un bon orateur : la voix faisait la différence. Puis avec la télévision, il fallait être télégénique. Le modèle est alors devenu Kennedy. Le choc des images. Trouver des réponses "expressives". Avec les chaînes à informations continues, il fallait faire vivre les images permanentes. Devenir mobile. Incarner l'action permanente. Courir. Se déplacer. Bondir.
Et avec les réseaux sociaux, quelles nouvelles contraintes ? Quelles nouvelles qualités ? Et si finalement, c'est le gagnant du medium qui gagne l'élection concernée ? Si c'est le cas, Mark Zuckerberg, entouré des meilleurs pour le medium du moment, connaissant tous les ressorts du medium, peut-il perdre ?
Derrière la candidature éventuelle de Mark Zuckerberg, c'est le défi d'abord du medium. Que peut réserver un tel profil ? Quelles innovations ? Quelle autre campagne jamais vue ni connue qui crée une histoire séduisante ?
Ce défi cache aussi deux autres enjeux. D'une part, celui de la jeunesse. Les Etats-Unis procèdent par contrastes forts. Trump est âgé, isolationniste, péremptoire. Si les citoyens américains respectent leurs repères traditionnels, le prochain bon profil est à l'opposé. Le candidat efficace devra être jeune, mondialiste, très tolérant. Ce faisant, ce sera un message à l'ensemble des autres démocraties occidentales. D'autre part, les entrepreneurs modernes ont progressivement pris conscience que leurs affaires ne pouvaient pas bien fonctionner si le pouvoir politique leur inflige des "boulets", des "lourds sacs à dos" dans la compétition mondiale. Et là aussi, si la frontière entre politique et entreprise saute à ce point avec des engagements emblématiques comme Zuckerberg, Steyer, Schultz, Dorsey ... c'est un message qui, là aussi, sera passé aux autres démocraties occidentales. Pour toutes ces raisons, les actuelles crises des démocraties occidentales semblent cacher une faculté de résilience qui pourrait susciter de considérables surprises ...