Grenoble : une campagne de communication suscite l'indignation
Grenoble et sa métropole ont fourni aujourd'hui l'exemple caricatural des liaisons dangereuses entre la recherche d'audience d'une campagne de communication publique et la logique du trash. Jusqu'où une collectivité publique peut-elle chercher à faire de l'audience au prix d'accepter d'ouvrir des polémiques graves en instrumentalisant des corps humains dans le cadre d'une campagne sur les ... déchets ?
Cet enjeu est parfaitement résumé par le communiqué publié par Mme Aline Kozma, responsable associative locale : " Mettre des êtres vivants sous vide au milieu des déchets est un message violent, indigne, en totale contradiction avec les valeurs de tolérance et de protection des plus fragiles que doit porter une collectivité publique, qui plus est une Métropole apaisée.
Nous demandons à ce que ces affiches soient retirées sur le champ et considérons que les élus qui ont validé cette campagne publicitaire ont commis une faute d’une particulière gravité détachable de leurs fonctions. Ils devraient supporter le coût de cette dernière sur leurs deniers personnels".
Mme Aline Kozma a été la première à réagir. Sans doute pas par le fait du hasard de la part d'une femme, une femme jeune et une femme très attachée au respect de la condition féminine tout particulièrement. Mme Kozma incarne la nouvelle génération qui aspire à une autre vie publique locale moins violente, plus conceptuelle et surtout plus ... apaisée.
Depuis plusieurs campagnes électorales déjà, la Métropole de Grenoble "jouait avec le feu" en utilisant un vocabulaire peu institutionnel (doux euphémisme). Mais là, l'enjeu change. Ce n'est plus celui de mots mais de symboles lourds. Comment une femme peut-elle se trouver emballée dans un plastique pour être “vouée” à être jetée dans une poubelle ?
Plus largement, comment des êtres humains peuvent-ils être réduits au rang d'objets dans le cadre d'une campagne sur les ... déchets ? Inacceptable. Attentatoire à la dignité humaine. A plus forte raison pour des femmes et pour des enfants qui sont déjà exposés à tant d'autres violences intolérables. Toutes ces publicités traduisent une culture désormais insupportée de l’irrespect et de banalisation de la violence locale : celle qui choque avec des expressions qui sont des insultes “laisse ta caisse” pour parler d’une automobile et, pire encore, en l’espèce, l'acceptation de photos qui, pour le moins, ont la volonté de toujours choquer. Choquer encore plus au prix de franchir des lignes jaunes.
C'est probablement cette violence du parti pris de choquer qui mobilise les actuelles indignations. Ce qui est reproché c'est que, dans l'agglomération grenobloise, la violence soit ainsi partout la "voisine obligée", omniprésente. Même sur les affiches des campagnes publiques. Au moment même où un assaut incendiaire a été tout dernièrement mené contre une unité départementale de ... gendarmerie, c'est dire l'ampleur des dégâts locaux.
Il reste à clarifier le coût de cette campagne (de la création par voie d'agence à l'impression), du mécanisme de décision et surtout des excuses publiques attendues de la part des représentants de l'institution qui ont manifestement gravement fauté en l'espèce.