La République en Marche et les enseignements d'Organizing for America

La campagne 2017 d'Emmanuel Macron est à maints égards du copier - coller avec la campagne Obama 2008. Les actuelles difficultés de La République en Marche sont à mettre en parallèle de celles éprouvées par la structuration d'Organizing for America.

Organizing for America- Missouri

L'enjeu est considérable : comment passer d'une mobilisation pour une cause à la structuration permanente pour une gouvernance ?

En 2008, la campagne de Barack Obama repose sur deux structures :

- son propre mouvement de citoyens : OFA (Organizing for America),

- le réseau MoveOn.org.

Deux logiques entièrement différentes mais qui vont se compléter à la perfection. MoveOn.org c'est le rejet de la politique des Républicains comme des années Clinton. Leurs militants sont très mobilisés. Ils seront la colonne vertébrale des démarches d'Obama dans la primaire pour faire face à Hillary Clinton qui compte sur la base classique du Parti Démocrate. C'est l'entrée en campagne d'un influenceur : MoveOn.org avec ses fichiers, ses militants, son organisation...

A cet influenceur professionnel s'ajoute une mobilisation de cause. Une seule cause : la personnalité même de Barack Obama. Les partisans se réunissent sous la bannière : Organizing for America. Mais cette mobilisation vaut pour une cause. Elle est ponctuelle, hétéroclite, indisciplinée.

Barack Obama ne fera jamais d'OFA un nouveau parti. C'est pourtant le défi ouvert en France par La République en Marche. Faire d'une mobilisation ponctuelle un nouveau parti politique.

D'abord sur le fond, c'est incohérent. La République en Marche est née du rejet des partis politiques. Pourquoi chercherait-elle à intégrer ce qui est répulsif ?

Ensuite, cette démarche ne devient cohérente qu'à la condition d'accepter les conditions de fondation d'un parti politique de toute autre nature. Est-ce possible concrètement ? Mais surtout est-ce possible compte tenu du calendrier à la française qui a réduit la désignation de celles et de ceux qui ont vocation à structurer ce Mouvement : les députés. Le profil des députés est d'abord celui de "recyclés" qui ont intégré des éléments de langage capables de vivre le temps d'une campagne mais au-delà dans les faits ?

Enfin, pour que ce "nouveau parti" vive ses ruptures, c'est l'acceptation d'une logique institutionnelle différente dont la non présidentialisation du dispositif. Or Emmanuel Macron fait vivre une étape nouvelle de présidentialisation par l'existence réelle et de plus en plus perçue d'un pouvoir hyper concentré. L'échec de La République en Marche est inscrite dans l'existence de ces trois réalités.

L'enjeu est simple : ou Emmanuel Macron est capable de réussir des OPA sur des vieux partis politiques ou il restera très fragile face aux vieux partis politiques pour toutes les échéances qui ne concernent pas Emmanuel Macron personnellement. C'est ce qu'a vécu Barack Obama en 2010, en 2014 et surtout en 2016. OFA n'était pas le Parti Démocrate. Et le Parti Démocrate n'avait pas intégré OFA. Chacun avait vécu sa vie et en l'absence d'une candidature d'Obama les sorts se sont dissociés. Totalement !

Si Emmanuel Macron ne tire pas les conséquences des difficultés d'OFA, ils rencontrera les mêmes difficultés dès qu'il ne sera pas personnellement candidat. Et en France avec les équilibres institutionnels, les étapes intermédiaires seront une fragilisation considérable d'Emmanuel Macron. La durée passe par des OPA réussies sur les partis politiques classiques. Sinon la solidité politique durable sera un défi très difficile à réussir.

  • Publié le 17 novembre 2017

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