Jacques Wiart : un portrait de villes qui va alimenter de nombreux débats
Jacques Wiart vient de publier un ouvrage remarquable : état de l'environnement dans l'agglomération grenobloise, les défis à relever. 300 pages qui fourmillent de chiffres, de données techniques très détaillées. Un travail considérable qui va alimenter de nombreux débats.
Jacques Wiart est un spécialiste des dossiers de l'environnement. Il est aussi un citoyen engagé, actuellement élu à la Ville de Grenoble au sein de l'équipe municipale dirigée par Eric Piolle.
Cet ouvrage est très intéressant à trois égards en dehors de son contenu technique détaillé :
1) Il montre une facette trop souvent sous-estimée dans l'analyse des composantes de l'équipe d'Eric Piolle : la présence de techniciens d'un domaine de compétences. C'est un état d'esprit qui apparaît rapidement à l'examen des billets sur Twitter. Il y a une recherche permanente d'ancrer un constat dans des chiffres, dans des études scientifiques. Une sorte de retour aux sources face au discours politique classique. L'ancrage doctrinal de l'équipe d'Eric Piolle, c'est la lutte de l'ADES contre des mesures à la légalité contestée. L'Etat de droit était alors perçu comme le bouclier contre des mesures politiques. Le débat n'a jamais été exclusivement dialectique. Il était très souvent juridique. C'est d'ailleurs cette logique qui a donné aux Verts dans l'agglomération grenobloise une crédibilité technique qui tranchait avec l'image connue ailleurs par des Verts.
Comme il parait désormais peu concevable de chercher dans le droit l'arbitrage que le débat politique ne permet pas, les Verts semblent à la recherche d'autres ancrages. D'où cet appel si fréquent aux chiffres et aux études.
2) Est-ce que l'arbitraire et la subjectivité du débat politique classique peuvent être ramenés à la "raison" par l'installation de chiffres ? Difficile à dire. Ce qui est certain, c'est qu'une partie de l'opinion grenobloise composée d'une proportion élevée d'ingénieurs ne peut être étrangère à cette logique. Cette approche serait moins impactante auprès d'une sociologie différente. Mais à Grenoble, le succès d'Eric Piolle en 2014 ne peut s'expliquer que par cette composante spécifique. Avec de tels profils pouvant désormais compter sur les chiffres émanant des services techniques des institutions, c'est une "munition" d'une efficacité considérable. Un défi supplémentaire pour les oppositions qui vont devoir travailler également ce volet des chiffres.
3) Cet ouvrage montre sous cet angle que l'opposition locale aura un double défi en mars 2020. Donner naissance à une vision différente du devenir local. Mais aussi livrer un bilan qui ne soit pas trop en décalage avec des chiffres, avec des données publiques. Un défi lourd surtout quand la nouvelle génération des relais favorables à la majorité municipale grenobloise est jeune, intellectuellement très solide et avec des réseaux sociaux maillés permettant la diffusion large et rapide de données de ce type pour contester des affirmations partisanes trop abstraites.
C'est un portrait de villes voué à s'inscrire au coeur de très nombreux débats à venir.