Emmanuel Macron avec un bilan discuté mais un leadership peu contesté
Dans le cadre de son partenariat avec LCP, Harris Interactive réalise chaque mois une enquête auprès des Français afin de cerner leurs opinions, leurs préoccupations et leurs attentes à l’égard de différents enjeux liés à un sujet d’actualité.
Ce lundi 7 mai marquera le premier anniversaire de l’élection d’Emmanuel Macron en tant que Président de la République. Une première année de quinquennat dont c’est l’occasion ici de faire un bilan aux yeux des Français. Quelle perception ceux-ci ont-ils de la politique menée par Emmanuel Macron depuis le début de son mandat ? Sont-ils satisfaits de cette première année de mandat ? Quelle est leur confiance dans sa capacité à agir dans plusieurs domaines ? A titre de comparaison Harris Interactive avait déjà réalisé une enquête similaire au mois de novembre dernier, soit 6 mois après l’élection d’Emmanuel Macron, qui venait faire un premier bilan du début de mandat du nouveau Président de la République. De manière générale, on peut noter que le jugement global à l’égard du chef de l’Etat n’a pas fondamentalement évolué par rapport à novembre 2017, alors même qu’un certain nombre de réformes ont été initiées par le gouvernement au cours des 6 derniers mois.
Un peu plus d’un Français sur 3 (34%) exprime sa satisfaction concernant la première année du quinquennat d’Emmanuel Macron, soit un niveau très stable par rapport à ce que l’on pouvait mesurer en novembre dernier (35%). Dans le détail, un peu plus de 3 électeurs d’Emmanuel Macron sur 4 au 1er tour de l’élection présidentielle (76%) expriment leur satisfaction concernant cette première année de mandat, en légère baisse néanmoins par rapport à ce qui avait été enregistré au mois de novembre (-4 points). Si les électeurs de François Fillon se montrent partagés (51%), le constat est majoritairement négatif pour les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (seulement 19% de satisfaits), Benoît Hamon (22%) et Marine Le Pen (21%).
On retrouve ce clivage dans les évocations spontanées des Français, qui s’avèrent très partagées. Lorsqu’ils pensent à la première année du quinquennat d’Emmanuel Macron, ceux-ci évoquent en premier lieu l’expression de « Président des riches ». Les traits d’image négatifs qu’ils lui prêtent (« arrogant », « autoritaire », « menteur » mais aussi « courageux ») reviennent également de manière récurrente, à mettre en parallèle avec la reconnaissance de sa volonté de « réformer ». Notons que les termes « jeune » et « dynamique » sont moins présents dans les évocations en comparaison avec l’enquête menée en novembre, ce qui amène à penser que le chef de l’Etat est désormais moins jugé sur sa capacité à incarner un « renouveau » mais davantage sur son action et sa façon de mener sa politique et ses réformes. Plus particulièrement, on remarque que les électeurs d’Emmanuel Macron saluent, tout comme en novembre dernier, l’aspect « dynamique » et « volontaire » du Président pour engager ses réformes, mais sont également plus nombreux à évoquer un style « autoritaire » et une politique en faveur des « riches ».
La suppression de la taxe d’habitation (64% des Français trouvent que c’est une « bonne réforme »), le dédoublement des classes de CP et CE1 dans les quartiers défavorisés (64%) et la réforme des institutions (62%) sont les 3 mesures adoptées depuis le début du quinquennat les plus appréciées des Français. A l’inverse, la baisse des APL de 5€ par mois (29% de satisfaction), la réforme de l’ISF (28%) ou encore l’augmentation de la CSG et la baisse des charges (27%) sont les mesures les plus impopulaires.
La plupart des réformes sont soutenues non seulement par l’électorat d’Emmanuel Macron, mais aussi par celui de François Fillon, les électeurs de gauche et ceux de Marine Le Pen se montrant beaucoup plus critiques. Parmi l’ensemble des mesures testées, seule la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des Français recueille une adhésion nettement majoritaire auprès de chaque électorat. Le dédoublement des classes de CP et CE1 dans les quartiers défavorisés rassemble, en plus de celle des électeurs d’Emmanuel Macron (91%), l’approbation d’une majorité des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (68%), Benoît Hamon (67%) et François Fillon (76%), mais laisse plus partagés les électeurs de Marine Le Pen (47%).
Comme en novembre dernier, la politique d’Emmanuel Macron est majoritairement considérée comme en faveur des plus aisés, d’où la permanence de la référence au « Président des riches ». 64% des Français (et même 80% ou plus chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Marine Le Pen) estiment ainsi que la politique menée par le Président de la République est avant tout favorable aux catégories supérieures, contre 7% pensant qu’elle avantage les classes moyennes, 3% les catégories populaires et 21% qu’elle n’avantage aucune catégorie en particulier. Il est frappant de constater que, par rapport au mois de novembre dernier, les électeurs d’Emmanuel Macron sont davantage convaincus que la politique du chef de l’Etat favorise les catégories supérieures (52%, +10 points).
Dans ce contexte la politique d’Emmanuel Macron est associée à… aucun bord politique en particulier (« et de droite et de gauche » : 46%) ou bien à une politique de droite (39%), contre 7% des Français estimant qu’il s’agit d’une politique de gauche, des résultats proches de ceux enregistrés il y a 6 mois. Logiquement on retrouve certains clivages politiques. La politique du Président de la République est ainsi associée en grande majorité à la droite par les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (70%) et Benoît Hamon (72%). A l’inverse, 2 électeurs d’Emmanuel Macron sur 3 estiment que sa politique est « et de droite et de gauche » (64%), un constat partagé avec les électeurs de François Fillon (64% estiment également qu’elle est « et de droite et de gauche »).
De manière générale, plus d’un Français sur deux déclare faire confiance à Emmanuel Macron en matière de politique internationale (52%), mais sa capacité à assurer la sécurité des Français est mise en doute (41%, -8 points par rapport au mois de novembre dernier) et traverse tous les électorats. Par ailleurs, Emmanuel Macron ne convainc qu’environ une personne sur quatre de sa capacité à rassembler les Français (25%) et dans une même mesure à accroître leur pouvoir d’achat (27%). Le niveau de confiance sur ces derniers points se dégrade particulièrement auprès des électeurs d’Emmanuel Macron. Si 80% de ceux-ci lui font toujours confiance pour assurer la sécurité en France, cela représente une baisse de 7 points en comparaison à novembre dernier. La confiance dans sa capacité à accroître le pouvoir d’achat (61%) et à rassembler les Français (57%), bien que toujours majoritaire dans son électorat, montre également sur ces deux sujets une baisse de 10 points sur les 6 derniers mois.
Tous ces chiffres montrent un bilan discuté, partagé, non sécurisé. Mais dans les autres enquêtes avec d'autres noms Emmanuel Macron montre qu'il bénéficie surtout d'un actif lié aux comparaisons. Il n'y a pas de leader alternatif. C'est sa force actuelle principale. Et elle est loin d'être neutre.
NB : Enquête réalisée en ligne les 2 et 3 mai 2018. Échantillon de 1 702 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).