Europe : les Français à 1 an d'un scrutin toujours délicat : LREM en tête largement

Dans le cadre de son partenariat avec LCP, Harris Interactive réalise chaque mois une enquête auprès des Français afin de cerner leurs opinions, leurs préoccupations et leurs attentes. À un an des prochaines élections européennes, qui auront lieu fin mai 2019, les Français étaient interrogés sur la perspective de ce scrutin européen à venir.

Emmanuel Macron

Quelle importance les citoyens attribuent-ils à cette échéance ? Même si l’offre électorale n’est pas encore figée, pour quelle liste envisagent-ils de voter à l’heure actuelle ? Axent-ils leur intention de vote sur des enjeux européens ou sur des enjeux nationaux, et notamment un vote de soutien ou de sanction à l’égard d’Emmanuel Macron ? Quel regard portent-ils sur les dynamiques à l’œuvre dans l’Union européenne ? Quels dossiers identifient-ils comme prioritaires pour l’avenir ? À quelles formations politiques font-ils confiance en matière de politique européenne ?

Que retenir de cette enquête ?

Les élections européennes occasionnent habituellement une participation faible en France. Toutefois, les citoyens estiment que ce scrutin peut revêtir une certaine importance. Pas seulement sur les politiques européennes (67% anticipent une influence importante dans ce domaine), mais aussi sur les politiques conduites en France (60%). Le principal doute étant de savoir si les élections européennes auront des conséquences sur la vie quotidienne des Français : 49% estiment que cet impact sera important, 47% qu’il ne le sera pas. En bref, si les Français affirment se sentir concernés par ce qui se passe en Europe (68%), ils restent donc modérément intéressés par les politiques européennes de façon générale (48%) et par les prochaines élections européennes en particulier (45%).

À l’heure actuelle, le vote des Français aux élections européennes se porterait en premier lieu vers des listes conduites par La République en Marche et le MoDem, qui recueilleraient 28% de suffrages exprimés au niveau national. La majorité parlementaire élue lors des élections législatives de 2017 serait ainsi confortée par ce premier scrutin intermédiaire, pourtant souvent défavorable à l’exécutif. Et ce d’autant plus qu’aucune autre liste n’apparaît en mesure de rivaliser directement. À la droite de la majorité, les listes conduites par le Front National recueilleraient 15% des votes, 13% pour celles conduites par Les Républicains. Ces deux formations sont concurrencées par Debout La France, qui obtiendrait aujourd’hui 7% des suffrages. À la gauche de LREM-MoDem, La France Insoumise obtiendrait 12% des voix, contre 8% au Parti socialiste, 4% à Europe Écologie Les Verts et 2% à Génération·s.

Ce rapport de forces provisoire s’explique notamment par la capacité de La République en Marche à davantage mobiliser son cœur d’électorat, à savoir les personnes ayant voté pour Emmanuel Macron au 1er tour de la dernière élection présidentielle : 75% d’entre ceux exprimant un vote envisagent de voter pour une liste LREM-MoDem aux européennes. À l’inverse, les électeurs de François Fillon en avril 2017 se mobilisant en 2019 ne seraient que 51% à reconduire leur vote en faveur de LR, quand 27% se tourneraient vers les listes conduites par l’actuelle majorité. De même, l’électorat de Jean-Luc Mélenchon votant aux européennes se tournerait à 63% vers des listes France Insoumise, quand 10% voteraient en faveur d’une liste PCF et 12% pour d’autres formations politiques de gauche. De façon plus marquée encore, les électeurs de Benoît Hamon en 2017 se dispersent entre listes PS (51%), Génération·s (20%) et Europe Écologie Les Verts. L’électorat de Marine Le Pen, quant à lui, n’est certes pas frappé par une dispersion massive des voix : même si 8% voteraient pour DLF et 4% pour Les Patriotes, 75% maintiendraient leur confiance dans les candidatures du Front National. Mais les électeurs frontistes se déclarent visiblement peu mobilisés pour ce scrutin européen.

Les personnes exprimant une intention de vote pour ces élections européennes admettent aisément voter, au moins en partie, en fonction de critères nationaux et non européens. Seuls 16% indiquent que leur choix se structure en priorité autour d’enjeux européens ; une proposition qui est certes plus importante mais toujours minoritaire parmi les électeurs LREM-MoDem (25%) et ceux d’une liste du Parti Socialiste (25%). À l’inverse, l’électorat frontiste assume son prisme national : seulement 9% indiquent voter avant tout en fonction d’enjeux européens. Plus précisément, 56% des Français articulent leur décision autour d’un message adressé à Emmanuel Macron et à son gouvernement : 22% pour lui affirmer leur soutien, 34% pour manifester leur opposition.

Rétrospectivement, les Français se montrent critiques avec les décisions prises par l’Union européenne : lors des dernières années, 45% des Français jugent que la dynamique va plutôt dans le mauvais sens, quand seulement 9% portent un jugement positif et 46% s’abstiennent de tout jugement. Même parmi les électorats les plus pro-européens, ceux du Parti socialiste et de la République en Marche, les avis négatifs sont au moins aussi nombreux que les avis positifs. Parmi les électeurs de la France Insoumise, Debout la France et Front National, c’est même une majorité absolue qui estime que les décisions de l’UE sont allées dans le mauvais sens.


Pour les années à venir, les Français affectent deux principales priorités à l’Union européenne : la lutte contre le terrorisme (47%) et à la gestion de l’immigration (41%). Ces deux thématiques sont particulièrement portées par les électorats Les Républicains et Front National. 28% des Français désignent l’emploi comme dossier prioritaire, quand 25% citent le pouvoir d’achat des consommateurs, 24% la protection sociale (un dossier spécialement mis en avant par l’électorat de la France Insoumise) et 23% l’environnement et l’énergie. Aucune autre thématique n’est jugée prioritaire par plus d’1 Français sur 5.


Aucune formation politique ne recueille aujourd’hui la confiance d’une majorité de Français pour faire de bonnes propositions concernant l’Union européenne. Mais, en cohérence avec leurs intentions de vote, les Français identifient La République en Marche comme la formation politique à laquelle ils font le plus confiance (34%). Le mouvement fondé par Emmanuel Macron devance Les Républicains (26%), Europe Écologie Les Verts (24%) et le Front National (22%). Le Parti socialiste recueille 20% de confiance à ce sujet, soit autant que la France Insoumise (20%) et à peine davantage que Debout La France (19%).

Un scrutin important qui marquera le début d'une période électorale dense continuant ensuite avec les élections municipales (mars 2020), départementales (mars 2021), régionales (décembre 2021).

Enquête réalisée en ligne les 22 et 23 mai 2018. Échantillon de 1 673 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).

  • Publié le 28 mai 2018

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