En Marche face à la tourmente des européennes de 2019
Les pharaons offraient le spectacle des pyramides. Les Grecs celui des temples parfaits. Les Européens construisirent des cathédrales orgueilleuses. De tous temps, les gouvernants ont cherché à marquer l’Histoire par des réalisations spectaculaires durables. Aujourd'hui, quels projets ambitieux peuvent encore unir des Européens ?
Historiquement, l’enjeu est symboliquement le même. Il s’agit de déceler le projet mobilisateur pour que des nations "marquent le monde». Ce projet a alors une double finalité. D’une part, il a vocation à communication externe. C’est un message donné aux autres nations. D’autre part, il constitue un outil de communication interne. Il a vocation à susciter des mobilisations positives.
Pour remplir cet objectif, le projet doit respecter trois qualités essentielles :
- Il doit être ambitieux tout en étant susceptible de se concrétiser assez rapidement.
- Il doit offrir à chacun la perspective d’une identification positive.
- Enfin, il transcende les divisions traditionnelles pourtant supposées irréductibles. Sous ce dernier volet, ce projet devient une force dépassant les égoïsmes, mobilisant les énergies avec une logique d’universalité.
La question est alors simple : en quoi l'Europe reste-t-elle un modèle ? Face à cette question, d'autres questions émergent immédiatement :
- existe-t-il encore une identité européenne ?
- si oui en quoi consiste-t-elle ?
- qu'est-ce qui peut fonder une réelle volonté de "vivre ensemble" ?
Face à ces questions de fond, des constats s'imposent. Une apathie générale s’est installée. Ce climat est peu propice aux efforts collectifs pourtant nécessaires dans de multiples domaines.
Mais surtout, comment éviter que l'enjeu européen dépasse un simple vote défouloir ? Aujourd'hui la tendance naturelle c'est que le scrutin européen soit une crise de légitimité.
Cette crise suppose deux étapes :
- que le le parti En Marche ne soit pas le premier parti politique de France le soir des Européennes,
- que le cumul des scores des formations radicalisées fortement protestataires devancent largement le score du parti présidentiel.
Dans ce dernier cas, le scrutin Européen transformé en referendum sur la politique présidentielle ouvrira une nouvelle étape politique majeure avant le sprint des scrutins à répétition sur 2020 et 2021. Or le parti En Marche doit constater que son actuelle assiette politique est fragile en dehors du charisme personnel du Président de la République. Si l'enracinement comme la diversité reconnue des talents de cette formation ne s'améliorent pas rapidement, c'est à une réelle tourmente qu'il doit se préparer car les Européennes peuvent être typiquement le scrutin où les ex-racines politiques peuvent retrouver de la vigueur.
Ce d'autant plus que le multilatéralisme est en difficulté. Et qu'Emmanuel Macron va devoir convaincre les Français que la France n'est pas réduite à une impuissance moyenne ...