Grenoble : la synthèse dans l'agglomération grenobloise est-elle encore possible ?
L'agglomération grenobloise vit un été meurtrier. Un de plus. Depuis 2010, c'est presque ... routinier. Une "routine" qui exaspère de plus en plus quand l'un des slogans officiels est "la métropole apaisée". Une crise de plus de violences urbaines qui est peut-être la crise de trop pour une agglomération déjà très décrédibilisée.
Ces dernières années, les territoires locaux ont beaucoup gagné en segmentations pour évoluer vers des profils très diversifiés. Pour de multiples raisons profondes, ces profils ont de moins en moins de points communs et sont de moins en moins disposés à cohabiter. Un exemple concret parmi beaucoup d’autres : quel peut être le point commun entre l’enseignant du centre-citadin qui descend de son immeuble pour 10 minutes de vélo pour joindre son lieu de travail et l’artisan péri-urbain qui doit obligatoirement prendre sa voiture pour se rendre à sa TPE en traversant toute l’agglomération ? Aucun. Et pourtant, le premier va passer son temps à expliquer au second pourquoi il ne faut plus prendre sa voiture …
Aujourd’hui, 5 sociologies doivent cohabiter alors même que tout les sépare de plus en plus.
1) Le Bas Grésivaudan (Meylan, Corenc, St Ismier …), c’est la géographie supposée accélératrice de ... particules. Les habitants se veulent les “aristocrates locaux” parce qu’ils habitent des lieux perçus historiquement comme ceux des privilégiés. D’ailleurs quand ils se présentent lors de réunions, ils s’énoncent facilement “Mme Untel de Meylan …”. Mais c’est l’aristocratie finissante, en déclin. Ils ne sont même plus à l’écart des délits les plus graves dans l’agglomération : la fin d’un “sanctuaire géographique”.
2) Les centres-citadins ou les habitants bobos de Grenoble, la ville centre. La sociologie qui a fait la victoire d’Eric Piolle en 2014 et peut-être sa ré-élection en 2020 ? Jeunes (forte proportion de 30 à 40 ans), souvent fonctionnaires ou cadres dans le privé, ils rêvent d’une ville écolo mais ils peinent à lui donner un visage séduisant dans la vie quotidienne.
3) Les délaissés ou la première couronne ouvrière (Echirolles, Fontaine, St Martin d’Hères …) : ils ont été nourris au lait de la ségrégation territoriale, ce qui est le berceau culturel du PCF. Dès qu’il est question d’une réalité négative à leur endroit, c’est la culture caricaturale de la lutte des classes qui remonte à la surface ou la moindre observation liée à une couleur de peau ne relève pas du constat mais du racisme insupportable. Pour eux, toutes les aides publiques ne compenseront jamais les inégalités durables.
4) Les rurbains de l’Est (Jarrie, Champ sur Drac …) : jeunes couples qui ont recherché la périphérie pour accéder à des maisons individuelles ou à des immeubles de qualité de petites dimensions. Très souvent doubles actifs, ils aspirent à une agglomération plus fluide, plus sécurisée. Ils ont quitté la ville et doutent des avantages qu’ils auraient à ce que la ville puisse les rattraper sur leurs nouvelles Communes.
5) Les rurbains de l’Ouest (Claix, Varces, St Paul de Varces, Vif …). Historiquement ceux de l’Ouest et de l’Est se connaissent peu. Un gros cours d’eau les sépare (le Drac). Ils ont longtemps été dans des structures institutionnelles différentes. Mais les sociologies les rapprochent. Sous cet angle, la création puis le bon fonctionnement du Cercle du Sud Grenoblois ne correspond pas à un hasard. Ils ont les mêmes repères que ceux de l’Est donc les mêmes résistances.
Aujourd’hui, parce qu’elle n’a pas été créatrice d’unité, plus rien ne contribue à rassembler ces 5 réalités sociologiques au sein de la Métro. Et ou la Métro ouvre le sujet de fond de sa ré-invention ou l’explosion deviendra incontournable dans une agglomération sous tension parce que perçue de plus en plus violente et avec un rôle de la ville-centre de moins en moins consensuel ou fédérateur. La crise institutionnelle de la Métro est engagée. La réalité est là. Les prochaines élections municipales n’en seront qu’un porte voix amplificateur.