Grenoble : les municipales 2020 et la résurrection des villages

L'agglomération grenobloise est en train de vivre un double tournant qui change entièrement la donne avant les élections municipales de mars 2020. 1) Une dimension morale nouvelle avec le scandale des Pompes Funèbres Intercommunales (PFI), scandale particulièrement mal géré par les élus sortants de la Métro toutes sensibilités politiques confondues.

Varces

Et 2) la fracture territoriale avec le choix d'une urbanisation densifiée par logique de tâche d'huile y compris dans des Communes péri-urbaines jusqu'alors traditionnellement répulsives à de telles opérations immobilières.

Le scandale des Pompes Funèbres Intercommunales, SEM gérée par les élus de la Métro, secoue toute l'agglomération. Les audiences du moindre article consacré à ce scandale battent des records. La permissivité de la Métro, actionnaire largement majoritaire (80 %), est à l'opposé de la grande aspiration au rétablissement de valeurs de rigueur et de morale dans la gestion des collectivités publiques surtout dans un domaine aussi émotionnellement sensible (le deuil). Or, même face à des faits établis par des magistrats de la Chambre Régionale des Comptes à l'issue d'une procédure contradictoire, les élus sortants de la Métro n'ont à ce jour engagé aucune action judiciaire institutionnelle. Un choix totalement incompris tant il s'éloigne de toute attitude "normale" face aux faits gravissimes en question. C'est toute la classe politique sortante de la Métropole qui est désormais impactée par un réel discrédit qui fait que, sur les réseaux sociaux, des commentaires sont tellement sévères qu'ils doivent souvent être supprimés. Le combat pour la vérité et le droit est conduit par trois incorruptibles élus municipaux : François Gilabert, Daniel Finazzo, Claude Soullier. En quelques semaines, ils portent les espoirs de transparence et de vérité d'une immense majorité d'habitants de l'agglomération grenobloise.

Le second tournant, c'est l'urbanisation densifiée dans la seconde couronne de l'agglomération grenobloise. Et là, les "gens de ces Communes" sont en révolte. Ils ne comprennent pas pourquoi ils sont aussi peu considérés face à des objections formulées souvent de longue date y compris par des élus de 2014 victorieux alors sur le rejet de la politique qu'ils mènent aujourd'hui. Ils sont en révolte contre un PLUi qui est un morceau d'anthologie de vocabulaire technocratique abscons. Des pages entières sont totalement incompréhensibles fourmillant d'acronymes. Ils posent des questions justes sur les relations à venir entre ces poussées démographiques inédites et les équipements publics comme l'explosion des impôts municipaux. Des chiffres de poussées fiscales commencent parfois à circuler donnant un réel vertige. Le "peuple réel" a divorcé de ses représentants politiques jugés broyés par une discipline des partis au sein des instances de la Métro. L'un des tournants est intervenu courant l'été 2017 avec la création du Cercle du Sud Grenoblois (co-présidé par deux jeunes membres de la Société Civile : Aline Kozma et Claude Soullier).

Claude Soulier Aline Kozma

Ce Collectif proposait des actions précises. La Métro les a ignorées. Comme, un an avant, la Métro avait ignoré les appels de citoyens de la Commune de Vif face à un scandale sanitaire historique. Quelques mois plus tard, la porte parole de ce Collectif, Karine Maurinaux, était élue personnalité de l'année sur le plan départemental par un vote populaire organisé par le quotidien Le Dauphiné Libéré. Un marqueur déjà instructif ...

Karine Maurinaux

Comme actuellement la Métro ignore les protestations de Collectifs face au PLUi.

Avec ces deux tournants, la gauche traditionnelle locale a perdu son ADN. Les Verts, grands pourfendeurs des "affaires grenobloises", sont silencieux. Ils sont associés étroitement à la gestion de la Métro et des actes de gestion des PFI ont été perpétués bien au-delà de mars 2014. Le PS local de Didier Migaud, longtemps élu d'une circonscription pour une grande partie de montagne donc de villages, est aujourd'hui le parti qui "attaque" les villages avec une agressivité perçue comme très violente par bon nombre de leurs habitants. Alors qu'aux derniers documents d'urbanisme, le PS louait la diversité territoriale et l'absolue nécessité de préserver les ... villages !

Ces tournants annoncent des secousses électorales considérables en mars 2020. Car ils sont à totale contre-culture locale. Parce que les frontières classiques des choix ont totalement explosé. Il ne manque plus qu'un dossier d'urbanisation densifié s'expose à une suspicion d'affaires et c'est toute la classe politique locale sortante qui serait emportée par un séisme majeur car tout est déjà réuni pour une colère forte avec cette succession de crises qui viennent de loin ....

Les municipales 2020 apparaissent donc de plus en plus comme le référendum pour la résurrection des villages dans un secteur péri-urbain qui se sent déjà très martyrisé et avec des projets qui semblent "en réserve" pour l'instant mais voués à surgir dès les municipales passées à majorité constante comme ce volet de péage urbain (cf vidéo ci-dessous) perçu comme le seul "ballon d'oxygène" pour une politique locale des transports collectifs financièrement totalement à l'asphyxie financière à ce jour avec une dette colossale.

  • Publié le 4 mai 2019

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