Emmanuel Macron et la perte de tout "modèle français"
La France baigne dans son histoire. Les témoignages du passé sont innombrables sur son territoire. 40 000 monuments historiques sont protégés par l’Etat (châteaux, cathédrales, églises, monastères...).
Si chaque monument était visité à hauteur de 1 monument par jour, il faudrait 109 ans pour les voir tous...
Par sa présence, le passé cerne donc les Français. Si les Français ont un rapport apaisé simple avec leur histoire lointaine, il en est tout autrement du proche passé.
Cette situation est grave dans la construction intellectuelle classique des Français avec le temps. Le passé occupe une place permanente à part entière dans la culture française. Tout est présenté comme constituant une chaîne de solidarité dans le temps avec des devoirs de continuité.
Pour les Français, le passé oblige, crée des devoirs. Cette conception n’est pas celle de toutes les Nations. Ainsi, pour les Américains, le passé n’oblige à rien. C’est du temps « passé » qui
est derrière et ce qui compte c’est le présent.
Ce rapport privilégié des Français avec le passé entraîne trois conséquences pratiques majeures.
Tout d’abord, chaque évènement présent a vocation à être relié à un évènement passé analogue.
Tout est construit comme si le passé avait ouvert des cases au sein desquelles chaque évènement ultérieur avait vocation à s’intégrer constituant ainsi un parallèle permanent entre le présent et le passé, donnant également un sens au présent en raison de ce rapport avec le passé.
Ensuite, la passé est l’occasion de magnifier l’action de la France : son rôle civilisateur, sa place spirituelle dans la défense des Libertés, ses fonctions universelles. Parce que ce rapport au passé est l’occasion permanente de commémorer une version valorisante de l’Histoire de France incarnant une mission universelle dans certains domaines dont les Droits de l’Homme, tout évènement de nature à rompre cette « tradition culturelle » pose un grave problème d’interprétation donc d’intégration dans ce paysage historique.
Enfin, cette remise en question est d’autant plus délicate à conduire quand au même moment les « modèles français » s’effondrent manifestement.
Le Covid-19 a fait de nombreuses victimes dont le "modèle français de la santé" et pire encore le "charme de la centralisation".
C’est l’ensemble d’un système ancien qui s’est effondré sans être remplacé par un nouveau système. C'est l'échec lourd d'Emmanuel Macron : ne pas avoir réparé le système ancien et ne pas avoir donné naissance à un système nouveau. Un choc très lourd à assumer en 2022.