Grenoble : de Capitale de la montagne à la capitale du slalom politique ?
La crise publique ouverte pour l'élection à la fonction de Président de la Métropole de Grenoble pose une question de fond : simple épisode local ou signe annonciateur d'un enjeu national avec la question de fond des relations entre le PS et les Verts.
Après un mandat où l'exécutif métropolitain local était composé essentiellement du PS et des Verts, le PS tourne le dos à cette alliance pour sauver une présidence métropolitaine grâce à une alliance avec LREM et les LR. Que traduit cette évolution ?
1) D'abord, la fragilité des Verts dans le péri-urbain de la seconde couronne grenobloise. Des Communes de petite dimension qui craignent une hégémonie de la Capitale du Dauphiné. Si les Verts avaient creusé davantage l'écart par des victoires dans ces territoires, la question ne se serait pas posée.
2) Ensuite, un sujet de fond bien au-delà de la situation locale : une métropole peut-elle se construire sans ou pire encore contre la ville chef lieu ? Ailleurs, la dissociation n'existe pas à ce niveau de Métropole. Bien davantage, parfois, la présidence de la Métropole a été "consentie" au Maire de la ville chef lieu alors même qu'il n'était pas en situation majoritaire dans le périmètre des élus de la Métropole. Pourquoi à Grenoble, ce réflexe n'existe pas ? Parce que le PS local avait organisé un équilibre entre ses tendances sur la base d'une répartition territoriale qui a vécu jusqu'en 2014 : à chaque sensibilité "sa" collectivité : Département, agglo et ville. C'était le socle de la paix locale. Cet héritage pèse toujours dans les mentalités.
3) Ce nouvel équilibre va libérer dangereusement deux espaces : à gauche de cet équilibre et à droite de cet équilibre. Ce pôle central métropolitain est-il capable d'identifier les priorités d'une gouvernance partagée sérieuse et cohérente ? Impossible à dire à ce jour puisque les termes sur le fond de l'accord n'ont pas été communiqués publiquement. Ce qui est sûr c'est que si les Verts entrent en opposition radicale et si une partie de la droite regagne ponctuellement son indépendance de vote, c'est la paralysie assurée et la remise en question probable de la présidence suite à un constat d'échec alors rapidement constaté.
En pleine compétition active des territoires, la Métropole Grenobloise vient d'entrer dans une zone inconnue. Pas sûr que le slalom politique, un coup avec les Verts, puis un coup avec le parti présidentiel et les LR, ne donne une ligne politique cohérente à moyen terme.