Emmanuel Macron confronté au séisme de l'abstention
Une démocratie sans le peuple : que devient-elle ? s L'abstention record à ce niveau et partout même dans des petits villages, c'est le marqueur le plus évident d'une crise profonde historique dans un pays à forte tradition de participation électorale. Cette situation est le produit de 4 facteurs essentiels : 1) Les campagnes électorales n'existent plus parce que les pouvoirs sortants les ont tuées : une campagne électorale, c'est quoi ? C'est la mise à égalité de tous les candidats pour vivre un temps de débats. Le moment où le pouvoir sortant redevient candidat parmi les autres pour vivre le débat. Or, il n'y a plus de mise à égalité ni de débats.
Le pouvoir sortant se met en scène comme pouvoir sortant jusqu'à la dernière seconde notamment par les inaugurations et par les annonces. Les débats sont écartés des temps forts. Comment s'étonner qu'à l'issue, faute de campagne, le vote soit ignoré et qu'il tourne au profit de sortants dans de telles conditions ? 2) Le principe essentiel de l'élection c'est l'égalité qui se vit dans le respect de règles. Les règles sont là. Elles ne sont manifestement pas respectées. Que se passe-t-il alors ? Rien. Les inaugurations ont lieu jusqu'à la dernière minute avant le vote, ce qui est une rupture manifeste de l'égalité des candidats puisqu'il y a la séparation entre les sortants qui inaugurent à tour de bras et les autres. La presse professionnelle cautionne cette inégalité par ses reportages. On assiste même parfois à une débauche d'imagination pour contourner des règles pourtant longtemps fondamentales. Ici, on change la localisation de bureaux de votes pour que les électeurs passent devant des panneaux de propagande à la dernière minute. Là, l'ordre légal des bulletins de vote n'est pas respecté. Parfois même l'égalité apparente des tas des bulletins de votes est violée sur l'ultime table de dépose . Tout ce qui peut être mis en place pour gagner est bon comme si gagner pouvait justifier tous les moyens. Ne pas respecter les règles entraîne des sanctions ? Non.
3) L'emprise des structures publiques est devenue trop forte : par la multiplicité de moyens (emplois, subventions, allocations de logements, poids des marchés publics…), la vie locale est sous une chape de plomb de clientèles multiples. Progressivement, l'alternative semble donc être entre la soumission au pouvoir sortant ou la neutralité par la tenue à l'écart la plus manifeste : surtout ne pas prendre le risque de donner l'image d'un engagement. D'où la difficulté pour trouver des candidats car cette faculté d'indépendance ou ce courage diminuent.
4) L'échec gravissime dans la distribution des professions de foi comme des documents d'informations a accentué l'impact de maux anciens : là encore, que se passera-t-il ? Rien. Des enveloppes contenaient moins de bulletins de votes que de candidats. Des candidats ont vu leur information non distribuée par l'impact parfois clairement d'engagements militants de distributeurs, seule interprétation pour tenter de comprendre des distributions pour le moins erratiques. Hier, la déontologie de personnels de l'Etat étaient une garantie forte de neutralité à cette étape décisive : l'enveloppe qui est supposée parvenir à chaque électeur. La privatisation de ce dispositif est un massacre inqualifiable aux conséquences très lourdes.
Pour toutes ces raisons, condamner les abstentionnistes, c'est totalement irresponsable. LE Système a perdu de sa respectabilité. Il n'est donc plus respecté dans son issue (le vote) parce qu'il a réussi à perdre trop de sa respectabilité.