Emmanuel Macron et la réforme nécessaire du droit électoral
Comment en moins de 3 ans, les citoyens français ont-ils pu passer du dégagisme violent au légitimisme quasi absolu ? Novembre 2018, avec les Gilets Jaunes, une forte partie des citoyens français sont dans la rue. Ils crient leurs colères. C'est l'époque du dégagisme annoncé : les élus sont désavoués par le peuple. Juin 2021, tous les élus sortants à la tête des Régions et des Départements sont non seulement reconduits mais très souvent renforcés : un climat légitimiste total. Que s'est-il passé pendant ces 30 mois pour expliquer une telle conversion ?
Certes des facteurs conjoncturels ont pesé. Les pouvoirs de proximité ont dans l'ensemble été perçus comme de bons gestionnaires de la crise sanitaire (masques, vaccination …). L'Etat et ses ARS ont été perçus comme les “mauvais exemples”.
Mais plus durablement, c'est tout l'édifice des contraintes légales en période électorale qui privilégie considérablement les pouvoirs sortants. Ils inaugurent jusqu'à la dernière minute. Ils continuent même des annonces publicitaires. Ils font les annonces pour les mois d'après comme si l'élection était une haie facile à passer. Ils refusent les débats. Ils ouvrent le temps de campagne le plus tard possible. ILS : les sortants de droite comme de gauche. Unis dans la même analyse de la méthode électorale : rester l'incarnation du pouvoir le plus tard possible. Ne pas descendre dans la cour de l'égalité des autres candidats. C'est une logique totalement nouvelle qui s'est installée et elle est électoralement payante manifestement. D'autant plus payante que la faible participation avantage les sortants qui ont capacité à activer leurs relais.
Le légitimisme bat ainsi des records. Hier le slogan était “sortez les sortants”. Aujourd'hui, il est “gardez les sortants”. Une totale inversion des repères.