Ségolène Royal et la place de l'argent

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Etonnant climat à l'approche de la présidentielle où les commentaires fusent pour démotiver des candidatures. Pour certaines hypothèses, l'isolement serait insurmontable. Pour d'autres, ce serait les moyens financiers. Ségolène Royal a "le privilège" de pouvoir compter sur les deux griefs.

Faire une campagne présidentielle coûte désormais cher. Les moyens privés de communication ont considérablement gagné en qualité. La communication publique ou politique peut-elle être la " parente pauvre " dans ce paysage ?

Mais surtout, la communication n'est qu'un volet d'une campagne électorale. Il faut aussi penser aux dépenses suivantes :
- frais de déplacements,
- fonctionnement de collaborateurs,
- frais de fonctionnement de locaux,
…

Des chiffres parlent d'eux-mêmes. Aux USA, pays qui traite ce volet financier avec la plus grande transparence, on estime que pour l'ensemble des dépenses des présidentielles, l'explosion des budgets est stupéfiante.

Cette évolution pose 2 questions majeures :

1) jusqu'où évolueront ces dépenses ?

2) les campagnes sont-elles marquées par la victoire du candidat le plus riche ?

Sur le premier point, il n'y a aucune raison objective pour considérer que la masse financière globale des dépenses électorales devrait connaître une quelconque stabilisation. Les terrains de présence des candidats sont de plus en plus nombreux et onéreux. Par conséquent, la dépense électorale globale va continuer à croître.

Mais, il n'y a pas de corrélation entre le montant de la dépense et la victoire ou l'échec.

L'argent n'achète pas le succès électoral. Toutes les études sérieuses conduites dans ce domaine montrent, à chaque époque, que les candidats disposant des plus gros moyens matériels n'emportaient pas automatiquement la victoire.

La vraie question n'est pas tant de savoir si l'argent joue un rôle décisif lors d'une élection mais pourquoi il n'a pas été un facteur déterminant ?

Sous ce volet apparaissent deux constats :
- l'argent est soumis à la loi des rendements décroissants. L'électorat se fatigue d'être bombardé d'appels électoraux trop répétés,
- si une vague de rejet du pouvoir en place est forte, aucune cagnotte électorale ne pourra l'endiguer.


Mais surtout, un phénomène nouveau est né ces dernières années. Longtemps une idée reçue était la suivante : les montants collectés seraient le fruit de cotisations d'une petite quantité de donateurs mais dépensant des sommes exorbitantes.

Certes des montants considérables alloués par telle ou telle société retiennent l'attention à juste titre.

Mais les expertises conduites en la matière attestent que la réalité du montant global provient d'abord du nombre de cotisations individuelles : près de 15 millions de donateurs pour les USA. Pour des campagnes dites locales, 50 % des dons sont inférieurs à 600 dollars.

La véritable "révolution de la campagne Obama 2008" a résidé dans le faible montant de la cotisation multiplié par le très grand nombre de donateurs.

Pour toutes ces raisons, l'actuel débat sur les "candidatures impossibles" parait relever davantage de "coups bas" de pré-campagnes que d'une rationalité technique.

Le succès de la candidature 2012 de Ségolène Royal ne dépendra pas des moyens financiers. L'enjeu est d'abord dans la création de la vague culturelle permettant la rencontre avec l'opinion. Le reste suit d'ordinaire.

  • Publié le 26 mars 2010

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