Jean Luc Mélenchon et l'actualité de la lutte des classes
Jean Luc Mélenchon cherche à ancrer en permanence sa logique de l'actualité de la lutte des classes. Il l'applique désormais à la dénonciation de la médiacratie.
Les différences dans les façons de vivre n'ont probablement jamais été aussi grandes. La mobilité sociale est très restreinte. Les inégalités de revenus demeurent très profondes. Les distances sociales entre les groupes se sont creusées.
De façon paradoxale dans ce contexte général, les consciences de groupes ont diminué. De nombreux facteurs peuvent expliquer cette situation dont la perte d'influence des syndicats mais aussi la diffusion progressive d'une " culture de masse " qui casse les phénomènes d'appartenance.
Si bien que la " lutte des classes " ne semble aujourd'hui qu'être une juxtaposition de groupements de défense d'intérêts particuliers.
Comment analyser ce phénomène ?
Tout d'abord, il importe d'observer que le nombre des métiers qualifiés a beaucoup augmenté.
Cette augmentation a été couplée avec une chance perçue de promotion permanente tirée par le développement économique dés l'instant que ce dernier existe.
Cette mobilité ascensionnelle a été perçue comme probable sur deux ou trois générations. La décentralisation de l'enseignement a considérablement amplifié ce sentiment collectif.
Mais surtout, la société a implosé. Les groupes se sont multipliés. Chaque groupe a ressenti un besoin croissant de se différencier. Cette atomisation est devenue un obstacle important à l'emergence d'une conscience de classe.
L'évènement principal réside dans le sentiment que nous sommes passés d'une société d'affrontements à une société conviviale dont les enjeux dépasseraient largement les oppositions de classes.
C'est le cas par exemple de l'actuelle prise de conscience de la défense de l'environnement. La question n'est pas de défendre une classe contre une autre mais toutes les classes contre la destruction.
Si le rapport de forces devait s'établir, il serait alors dans une logique plus géographique que sociale.
La défense des consommateurs s'inscrit dans la même logique.
Si les défis ont changé de pôles d'affrontements, il en est de même des solutions. L'espoir est perçu comme relevant davantage d'une nouvelle conscience collective que de la victoire d'un groupe sur l'autre.
Cette société est aussi, voire d'abord, celle du spectacle qui, par la publicité commerciale, plonge les gens dans une frénésie de l'avoir, de la consommation, du paraître pour faire régner une représentation permanente de conformismes sociaux dont les jeunes deviennent les premières victimes.
Pour toutes ces raisons, l'appartenance d'un individu à une classe sociale n'est plus toujours sûre. Elle n'est plus toujours durable. Elle n'est plus toujours visible.
Mais surtout, l'émancipation d'une classe est perçue comme relevant désormais du seul effort individuel qui est l'ultime espoir de transformation non pas de la société mais de sa place dans la société.
Le groupe a disparu au profit de l'individu. La lutte des classes reposait sur le chemin contraire c'est-à-dire celui de la disparition d'un individu au profit d'un groupe, sa fusion dans le groupe comme métal anonyme.
Cette nouvelle donne a entièrement modifié l'ensemble des relations collectives y compris l'exercice même de la vie publique.
C'est ainsi un nouvel esprit et une nouvelle conscience qui impriment la place de tout individu dans la collectivité.
Dans ce contexte, il sera difficile à Jean Luc Mélenchon de maintenir ce cap car il est manifestement culturellement hors sujet par rapport aux évolutions durables de la société.