La mode Ségolène Royal repose d'abord sur une crise politique profonde
Ségolène Royal est à la mode. C'est une évidence. L'interprétation de cette popularité, pour partie irrationnelle, repose beaucoup sur des éléments liés à sa personnalité. Il ne faut pas oublier les facteurs relatifs à un climat politique particulièrement porteur.
Le Journal du Dimanche publié ce jour contient une enquête IFOP établissant à 63 % le pourcentage de mécontentement quant à la politique conduite par le Président de la République (62 % à l'endroit du Premier Ministre).
Ces chiffres se sont banalisés progressivement. Il importe quand même de se rappeler que la récente "raclée" reçue par le Parti Républicain aux Etats Unis reposait sur un taux de 57 % de mécontentement à l'endroit de la politique mise en oeuvre par le Président Bush ...
Progressivement, trois indicateurs se sont détachés pour mesurer la réalité de l'ambiance d'une démocratie entre deux élections (voir commentaire de ce jour sur notre blog).
Le 1er indicateur est le taux de satisfaction quant à la politique conduite.
Le 2ème est le pourcentage de souhait de victoire au profit de la majorité sortante.
Le 3ème est le degré d'optimisme quant à l'avenir.
Dans les démocraties modernes, il n'y a pas d'exemple de victoire d'une majorité sortante quand ces trois indicateurs sont au rouge.
En France, depuis le début du printemps 2005, le pays est en vraie crise politique. En mars-avril 2005, le taux de désapprobation devient majoritaire (54/46). L'écart va se creuser dans des conditions considérables par exemple pour atteindre en juin 2005 un rapport 72/28. Depuis le printemps 2005, l'écart s'est stabilisé grossièrement vers un 60/40 donc une large désapprobation.
Le souhait de victoire de la gauche est majoritaire depuis de nombreux mois déjà. Même si ce souhait ne crée pas l'espoir puisque la "nouvelle politique" est loin de s'imposer comme perceptible par les citoyens.
Enfin, le pessimisme est largement majoritaire là aussi depuis longtemps.
Tous ces chiffres montrent que depuis le printemps 2005 la France est en crise politique par la coupure profonde qui existe entre le pouvoir et l'opinion.
C'est cette crise qui a ouvert un espace à Ségolène Royal. Sans cette crise, même les efforts les plus réussis n'auraient pas eu de "fenêtre de tir".