Ségolène Royal joue la conscience tandis que Nicolas Sarkozy parie sur l'action
Ces deux leaders se préparent à vivre deux campagnes très différentes. Le style de campagne révèle le tempérament de leurs auteurs. Celle de Ségolène Royal paraît plus atypique tandis que Nicolas Sarkozy donne le sentiment de chausser les bottes classiques du candidat "chiraquien" courant de réunions ciblées en grandes réunions publiques.
Rarement peut-être les électeurs ont connu une présidentielle avec deux profils aussi distincts.
D'un côté, Nicolas Sarkozy incarne le Pouvoir, la présidence d'un parti politique majeur, Paris, l'ambition assumée, l'énergie implacable. Il conduit sa campagne à la hussarde capable probablement de quadriller la France à plusieurs reprises.
D'un autre côté, Ségolène Royal a effacé ses années de pouvoir, il est vrai peu marquantes. Elle représente la "douce Province", l'ambition obligée pour faire entendre une "autre voix", le sens moral qui peut être au-dessus des partis. Elle ira de petits groupes en petits groupes pour écouter, chercher à faire la synthèse.
Sur les sujets importants, elle sait prendre le regard profond de ceux qui ont déjà connu des vraies épreuves. Pour ce qui la concerne, elle a su exposer la "jeunesse douloureuse" qui donne prématurément une "autre dimension" quand on retourne à la vie ordinaire.
Sur ces registres, avec des personnages différents, se retrouve l'univers de la campagne présidentielle de 1988. Nicolas Sarkozy occupe le positionnement d'alors de J. Chirac y compris avec le contenu économique libéral. Ségolène Royal est la digne héritière de F. Mitterrand avec certains talents en moins qui lui procurent une sympathie accrue. Ses hésitations d'orateur renforcent la sympathie des Français. Il ne lui manque plus que le chignon pour être une Simone Veil de gauche avec le succès électoral en plus.
Sur ces registres, le résultat risque d'être comparable à celui de 1988. Le leader UMP doit être capable d'inventer une autre campagne, un autre registre, une autre dynamique. Les Français ont toujours préféré la conscience à l'action.