Michel Destot et la révolution verte

  • Michel Destot
  • Genevieve Fioraso

Grenoble, Lyon ... sont des villes qui sortent des cantonales avec un nouveau rapport de forces entre PS et Verts. C'est le choc du new look vert contre le radical chic.

Les cantonales de mars 2011 consacrent l'indiscutable poussée des Verts dans une vaste agglomération grenobloise. Avec le pourcentage élevé des votes protestataires (FN + FdG), c'est probablement le fait politique majeur actuel dans cette géographie.

Dans l'agglomération, les Verts sont au coude à coude avec le PS. Pourquoi ?

1) Il y a une sociologie grenobloise "particulière" : les nouvelles technologies, l'Université ... apportent un creuset culturel favorable à cette sensibilité politique. Il suffit de participer à une des manifestations en question pour constater une "vague porteuse" indiscutable. En novembre 2009, la conférence de Chouinard (PDG de Patagonia) a été à l'origine d'un accueil d'une "rock star" rarement connu à ce point.

Chaque visite d'Eva Joly est le plein assuré.


2) Le PS local a longtemps incarné une "contre-culture" qui empruntait à "l'esprit des Verts" avec anticipation.

Mais le PS a évolué vers une culture gestionnaire qui laisse désormais un espace important aux Verts.

Au départ, le PS grenoblois, c'est la "culture CFDT" des années 70, le "rocardisme du temps du PSU" : l'anti-étatisme, l'autogestion, les radios libres ... C'était même la "contre-culture" au sein des instances du PS face à Mitterrand et localement à Mermaz. Aujourd'hui, le PS grenoblois, c'est "le radical chic" et tout particulièrement la "nouvelle génération" du PS (Safar, Noblecourt ...).

C'est le second élément qui s'ajoute au premier. Les Verts ont un espace neuf abandonné par le PS "version gestionnaire" des années 2000.


3) Mais surtout l'agglo parle d'écologie mais ne la vit pas. Le PS local subit presque la même démarche que Sarkozy sur le plan national avec le FN. Emprunter des thèmes sans passer à des résultats concrets ; d'où une insatisfaction permanente.

La culture de gestion des Verts existe peu. C'est d'abord un état d'esprit global. Mais sur les thèmes majeurs, où sont les actes ? Dans la gestion publique (marchés publics, transparence ...), où est la valeur ajoutée ? Dans l'organisation de l'espace, qu'est ce qui est "propre" à Grenoble ? ...

L'histoire a produit à l'origine un amalgame ponctuel qui était d'abord un "front du refus" dans des circonstances exceptionnelles.

Les années de gestion ont fait imploser ce rapprochement initial. Maintenant c'est le choc : le new look vert contre le radical chic.

Le PS est le "radical chic" : modéré, gestionnaire, bien installé, confortable. Les Verts restent des contestataires. C'est le choc de la "cravate" contre le "polo", le costume bien coupé contre la doudoune : deux cultures différentes avec un écart qui s'est manifestement creusé.

Les uns ont peut-être trop bien digéré le pouvoir ou peut-être été trop bien digérés par le pouvoir et tous ses symboles tandis que les autres gardent une allergie permanente au pouvoir.

Le choc est engagé et les conséquences politiques seront importantes.

Michel Destot a pour lui un atout majeur : sa légitimité historique. Pour ses "successeurs", le choc s'annonce particulièrement rude.

  • Publié le 29 mars 2011

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