Sénatoriales en Isère : la victoire des offres complémentaires
Des surprises avaient été annoncées concernant le scrutin d'hier. Elles sont d'ampleur. Pour l'essentiel, ces surprises sont au nombre de 7 :
1) L'ampleur de la victoire nationale de la gauche : techniquement, il est faux de dire qu'il s'agit là de la logique des seuls scrutins de 2008. Le mécontentement s'est exprimé bien au-delà. Dans de nombreux Départements, des scores témoignent de l'ulcération des élus locaux face aux schémas de coopération intercommunale avec une élaboration trop solitaire et trop autoritaire par la services de l'Etat.
2) En Isère, l'opposition départementale a contenu la gauche à un score faible : 46 %. En mars 2011, un sondage OpinionWay donnait une fourchette de 53 à 60 % pour la gauche en Isère. Dans un climat national porteur, elle est 6 points en-dessous de son plancher d'alors. C'est le résultat de la victoire des offres complémentaires. Le risque pris lors d'un scrutin proportionnel à un tour était considérable. Ce pari a été gagné. Le total des listes de l'opposition départementale égalise le score de la liste PS-PCF à 40 voix près. C'est une leçon importante pour les prochains scrutins locaux. Ce résultat légitime toute démarche d'offres complémentaires qui incarnent alors un souffle de liberté et de respect de la diversité naturelle.
3) La politisation du corps électoral des élus locaux : l'échec de la liste Vitte en est une illustration emblématique. Il est rarissime que le Président de l'Association des Maires fasse 5 % dans un scrutin de ce type. En Gironde, M. César, comme Président de l'association des Maires, avait même battu un candidat UMP. L'apolitisme affiché des élus locaux ne se retrouve pas dans les isoloirs où la réalité de leur politisation d'exprime alors.
4) L'échec de la liste des Verts : ce score de 6 % montre que leurs "partenaires" ne leur reconnaissent pas la représentation électorale de leurs soutiens décisifs lors des votes. Les Verts font les majorités de gauche, mais le PS et le PCF les déclassent dans les instances dites représentatives. Les Verts accepteront-ils durablement cette situation ?
5) L'élection de Michel Savin est la rencontre entre une longue préparation et un bref rendez-vous. La longue préparation est le fruit de 4 ans de travail pour cet objectif avec un maillage politique, affectif et logistique important auprès de ses "réseaux". Mais c'est aussi le bref rendez-vous avec une offre ponctuelle qui a fait "mouche" : la représentation du Sud Isère. Ce message légitimait sa candidature objectivement dissidente. Ce message a créé un espace qui a changé la donne de bon nombre des votes de la large agglomération grenobloise. Il est devenu le referendum dans le scrutin : pour ou contre un "élu qui ne soit pas du Nord Isère".
6) Le score du Front National est étonnant : 45 votes alors même que, dans ce collège des élus locaux, il n'y a aucun élu déclaré FN. C'est aussi l'illustration du divorce entre les affichages et les réalités.
7) La droite a marginalement baissé sa représentation quoiqu'en disent les commentaires de triomphe : elle était à égalité avec la gauche (2/2). Elle passe minoritaire dans la représentation départementale (3 à gauche / 2 à droite). Ce n'est que la perspective d'une plus lourde défaite (type 4/1) qui peut la conduire à proclamer ... victoire.