Vincent Peillon demande de la clarté face à la Hongrie
L'entrée en vigueur de la nouvelle constitution hongroise, le 1er janvier, a marqué une étape supplémentaire dans l'inquiétante dérive autoritaire et nationaliste que connait la Hongrie depuis l'arrivée au pouvoir du parti conservateur de Viktor Orban, en 2010.
Le député européen Vincent Peillon demande de la vigilance. Il précise notamment :
"Après l'indépendance des medias et des philosophes l'an passé, c'est à présent à celle de la justice, de la banque centrale et de l'autorité de protection des données que celui-ci s'attaque. Quelle seront les prochaines victimes de cette campagne tous azimuts contre opposants et contre-pouvoirs ? Où s'arrêtera la volonté de mise en coupe réglée de la Hongrie par le parti au pouvoir ?
La Commission européenne s'est jusqu'à présent limitée à une approche technique qui s'est montrée bien peu efficace. La très relative révision de la loi sur les médias concédée par Orban après son examen par la Commission n'a pas empêché le gouvernement de retirer sa licence à la seule radio d'opposition du pays, Klubradio.
Le coupable silence de l'immense majorité des Etats membres est assourdissant. On le comprend pourtant aisément quand on sait que les dirigeants de ces pays sont membres du Parti Populaire Européen, dont Orban n'est autre que le vice-président.
L'Europe ne peut rester plus longtemps yeux fermés et bras croisés sur ce qui se passe aujourd'hui en son cœur et sous ses yeux.
Les procédures techniques d'infraction lancées par la Commission, qui doivent conduire le gouvernement hongrois à modifier ses décisions récentes qui violent le droit européen, sont nécessaires mais ne suffisent plus face à la dérive liberticide d'une concentration du pouvoir toujours plus grande par Orban.
Depuis 2010, ce sont les valeurs même de l'Union - respect des droits de l'homme, de la démocratie, de l'état de droit et des libertés fondamentales - inscrites dans ses traités et dans sa Charte des droits fondamentaux, que le gouvernement hongrois foule aux pieds.
L'UE, qui s'est montré très - trop - patiente jusqu'à aujourd'hui, ne doit plus hésiter à peser de tout son poids pour protéger les libertés des citoyens hongrois. Des sanctions plus grandes doivent être envisagées contre le gouvernement Orban, y compris celles prévues par l'article 7 du traité, allant jusqu'à la suspension de certains droits de la Hongrie au sein de l'UE. Le Parlement européen s'honorerait en enclenchant dès à présent cette procédure."