Ségolène Royal subit le "complexe du Prince de Galles"
La leader socialiste peine à affirmer sa propre campagne comme si l'après-Mitterrand était aussi difficile à écrire sur de nouvelles pages.
A l'occasion des primaires internes au parti socialiste, Ségolène Royal a mis en oeuvre une triple innovation qui a constitué la vraie valeur ajoutée de la candidate et probablement l'explication de sa victoire à ce moment là.
Elle a été en effet la première à percevoir trois tendances nouvelles dans le débat politique :
* le besoin d'intimité que la candidate a assumé à cette époque en exposant avec intensité et détails son parcours personnel, sa jeunesse, les difficultés rencontrées, son tempérament.
* Le besoin de dialogue conçu comme un outil de meilleure considération des citoyens permettant de nouer un rapport différent entre les responsables politiques et les citoyens.
* Enfin, Ségolène Royal a répondu à l'attente de l'électorat désireux de s'émanciper des clivages traditionnels droite / gauche en mettant en évidence de nouvelles valeurs dont cette notion "d'ordre juste".
Depuis le début de la campagne présidentielle active, c'est-à-dire après sa désignation comme candidate officielle du parti socialiste, Ségolène Royal a eu du mal à trouver son nouveau rythme de campagne.
Le meeting du 11 février porte en lui l'indication des problèmes rencontrés.
Ségolène Royal est en effet victime du "complexe du Prince de Galles" qui frappe la quasi-totalité de la gauche française.
Ce complexe peut se présenter ainsi. Il s'agit de rêver à l'après François Mitterrand sans pour autant parvenir à l'incarner.
François Mitterrand n'a pas d'héritier, pas davantage de successeur. Il n'a pas désigné de dauphin. A sa disparition, c'est donc un paysage vide qui est apparu.
Mais il écrase encore le paysage à gauche par sa stature de double vainqueur de la présidentielle. Tant qu'il en sera ainsi, la valeur ajoutée de la campagne active de S. Royal sera difficile à trouver. C'est un lourd handicap.