Rachida Dati face aux bastilles modernes
L'intervention de Rachida Dati à Lille est lourde de sens.
Elle rappelle toute la magie de la campagne de 2007 quand l'opinion découvrait Rachida Dati incarnant alors à elle seule le parcours du "mérite".
Elle montre aussi combien le "casting 2012" peine à trouver des profils emblématiques analogues.
En 2007, Rachida Dati incarnait toutes les qualités qu’une femme politique peut espérer réunir :
- la féminité,
- la reconnaissance de compétence,
- la reconnaissance de personnalité.
Elle était l’incarnation de l’héritage moderne de la Révolution française.
Pour l’essentiel, cet héritage c’est un mélange d’idéologie de liberté et d’égalité.
Elle symbolise la rupture avec l’ancien régime politique.
Elle est partie à l’assaut des nouvelles bastilles :
- la différence visuelle,
- la formation,
- l’emploi,
- la reconnaissance sociale par l’exercice d’un Ministère régalien.
C’est longtemps un parcours sans faute.
Là réside le véritable pouvoir d’évocation de Rachida Dati : incarner l’héritage de la Révolution après plus de 200 ans. Un héritage d’autant plus populaire que le plus intéressant c’est finalement l’inattendu, l’imprévisible, le non planifié.
Toutes ces caractéristiques accentuent la dimension populaire de sa personnalité donnant le sentiment que notre pays porte des courants de long terme et qu’il suffirait d’un surgissement conjoncturel pour que l’éclosion devienne possible.
C’est d’ailleurs probablement ce côté « surprise » qui ajoute à la dimension culturelle de Rachida Dati.
Elle est donc à la croisée des courants culturels de notre pays qui aime mêler mémoire et rebonds inattendus.
A ce moment là en 2007, Rachida Dati demeurait en piste pour livrer la véritable reconquête culturelle du premier mandat de Nicolas Sarkozy : la mobilité sociale dans la société Française.
Sous cet angle, Rachida Dati était beaucoup plus qu’une Ministre de la Justice. C’était le symbole d’une véritable nouvelle frontière Française. C’était un nouveau modèle qu’il importait de construire.
Mais Rachida Dati a ensuite incarné une face moins populaire. Elle est devenue adepte de la "presse people" et avec des rubriques pas toujours très "heureuses". A sa façon, elle a emporté une part importante du bel espoir de 2007.
Elle a su ensuite redécouvrir un travail moins exposé en permanence sur les couvertures de papiers glacés avec des tenues chic et mode éloignant des milieux populaires. Elle est à son niveau le résumé des hauts et des bas du premier mandat de Nicolas Sarkozy.
Ce sont à des personnalités de ce type de trouver les mots justes pour assurer à l'opinion que la leçon des erreurs a été tirée. C'est ce qu'une forte partie de l'opinion attend toujours et encore. La patience s'est érodée.
Il serait temps que les emblèmes face aux bastilles modernes reviennent à leurs vocations premières.