Geoffroy Didier et la génération des rebelles
Sur le fond, le discours de Nicolas Sarkozy hier à Lyon témoigne d'une volonté de reconquête culturelle inconnue depuis de nombreuses décennies dans la vie publique française. Bien entendu, par le mécanisme même du discours militant, certaines appréciations peuvent mériter quelques réserves.
Mais sur le fond, Nicolas Sarkozy pose une question essentielle : "comment la génération du moi peut-elle être séduite par le discours du nous" ?
Toute l'actuelle culture moderne est celle du moi et c'est un immense progrès qu'il en soit ainsi : la liberté de parole des réseaux sociaux, la libération des prêts à penser d'où la crise des idéologies, la libération des moeurs, celle des corps, celle des carrières, celle des formations ...
Cette culture est tellement inscrite dans l'individualité qu'elle n'a plus le culte des héros même morts : presqu'aucun étudiant ne parlera aujourd'hui de Mao, Guevara ...
Cette culture fait la consommation moderne de tous les jours avec des marques qui sont capables de remarquablement saisir cette vague.
La jeunesse n'est pas passée de l'idéalisme au matérialisme.
Elle est passée du socialisme au néo-conservatisme.
Elle rejette les excès et préfère une image plus traditionnelle du couple comme de la femme, symbole de fraîcheur. Elle a redécouvert la libre entreprise mais celle des TPE et des PME où la liberté d'entreprendre est d'abord la liberté de progresser dans la société et d'être indépendant, créateur, imaginatif.
Comment cette belle culture de la liberté individuelle pourrait-elle trouver refuge dans une idéologie aussi ringarde que le socialisme proposé par François Hollande qui, à la différence d'un Tony Blair dans les années 90, n'a même pas fait l'effort de ripoliner les vieilles lunes d'une doctrine qui ne séduit plus personne dans les démocraties modernes parce qu'elle incarne un "nous" dépensier, irresponsable, démobilisateur, bureaucratique ?
Les socialistes français font des références fréquentes à Obama mais pas un discours d'Obama ne marque pas ses distances avec toute référence au ... socialisme.
Même si ce schéma s'est effondré partout, en France il ne doute ni de ses méthodes ni de ses objectifs.
Les nouveaux contestataires sont bien ceux qui refusent ce socialisme régulateur et redistributeur qui n'est plus à la mode dans un seul pays compétitif.
Où sont les vertus de la gauche au service des plus faibles quand le clientélisme local devient la seule véritable grille de sélection de tant d'aides ou de tant d'interventions ?
Où sont les vertus de la gauche au service des plus faibles quand l'assitance sociale enferme dans des "réserves indiennes" ceux que l'apport financier facile incite à ne plus quitter ?
Où est la vertu d'efficacité de la gauche quand elle gère la quasi-totalité des collectivités locales françaises devenues des monstres de fonctionnement, d'imposition et d'endettement, tous records confondus à la fois ?
Il était temps que la contestation de "situations supposées acquises" s'engage. C'est peut-être tard. Mais c'est un pas important qui a été effectué hier sur des enjeux de fond.
L'UMP compte une nouvelle génération de rebelles à l'exemple de Geoffroy Didier, Conseiller Régional d'Ile de France. Cette génération casse les codes des notables, pose des questions longtemps tabous. Bref, elle pose les jalons d'un nouveau socle culturel comme cela avait été le cas en 1981 des Juppé, Seguin, Noir, Carignon, Toubon, Madelin, Longuet ... face à la "lumière" socialiste d'alors.
Il y a là un renouveau culturel qui mérite l'attention.