François Bayrou en première position d'un sondage
Nous avions été les premiers à annoncer la poussée du leader centriste et son égalisation avec la candidate socialiste et ce plusieurs jours avant la publication des premiers sondages confirmant cette nouvelle donne. Une nouvelle étape ressortirait des actuelles enquêtes en cours. Le candidat UDF devancerait tous ses concurrents au premier tour. La France s'apprête-t-elle à vivre une élection comparable à celle du printemps 1974 qui avait été marquée par la poussée de VGE déjouant tous les pronostics de départ à cette époque ?
François Bayrou est en passe de faire imploser la gauche. S. Royal s'avère dans l'incapacité de donner corps à sa campagne. Il est vrai qu'elle doit compter avec un contexte culturel difficile par rapport à ses ancrages idéologiques classiques.
Mais l'effondrement de la leader socialiste semble s'accélérer dans des proportions inattendues. La gauche a perdu deux ancrages majeurs. D'une part, la remise en question de la place et de l'utilité de l'Etat. D'autre part, sur l'immigration, elle est en profond décalage avec l'opinion. L'opinion considère que l'immigré doit accepter les règles du pays dans lequel il s'invite. S'il n'accepte pas les règles, l'opinion considère désormais que ce pays peut légitimement prendre des mesures de défense à son endroit.
En dehors de ces deux fragilités de la gauche, les autres thèmes majeurs sont des thèmes de gestion vis-à-vis desquels la droite a traditionnellement un crédit meilleur que la gauche.
Le vrai tournant nous semble résider dans le rapport à l'État.
Ce rapport est désormais frappé par une double crise. Une crise technique et une crise éthique.
Une crise technique, car l'État ne produit plus les réflexes attendus.
La centralité de l'État n'amène plus un État fort protecteur du citoyen.
L'Etat fort n'est plus un outil technique de sécurité, de régulation, d'efficacité.
Trop d'Etat ne protège pas mais bien davantage trop d'Etat peut s'accompagner d'une crise d'éthique d'une élite épargnée par les difficultés de la vie ordinaire.
Sur ce terrain, S. Royal ne présente aucune offre lisible pour l'opinion pour changer cette donne.
François Bayrou est le rempart de la modération face à un pays en quête d'harmonie apeuré par des réformes dont il ressent l'ampleur et l'impératif mais dont il entend reporter l'application et bénéficier d'une approche consensuelle donc douce.
Le corps central de la société qui faisait la force de S. Royal dans les primaires socialistes la quitte et retourne à un centre qu'il avait abandonné depuis 1980, voire même 1978.
En 1974, VGE incarnait la modernité par le changement. En 2007, Bayrou incarne la modernité par la modération (voir notre analyse détaillée dans notre lettre hebdomadaire 79 publiée demain). Il offre la perspective de sortir d'un statu quo que l'opinion veut sanctionner pour avoir été incapable de la préserver de la crise. C'est un nouveau régime d'harmonie et non d'affrontements. La vague paraît maintenant comparable à celle de 1974.