Antoine Gallimard et le débat à Québec sur le prix unique du livre
Antoine Gallimard exporte à Québec le débat sur le prix unique du livre dans des conditions bien paradoxales.
En France, pays où la disparition des éditeurs indépendants et des libraires a battu des records sur la dernière décennie, ce débat n'est plus sérieusement ouvert depuis 1981, date de la loi Lang sur le prix unique du livre.
Mais le prix unique du livre ne protège pas les éditeurs indépendants ni les libraires, bien au contraire.
Les éditeurs indépendants se voient privés d'une réactivité face aux cycles commerciaux de commercialisation du livre en ayant le choix qu'entre le prix de départ et le prix de solderie "à la casse" en bout de circuit commercial.
Les libraires indépendants ne sont pas davantage protégés car, eux aussi, perdent en réactivité et en choix individuels.
En réalité, cette loi est le "faux masque" pour les seuls intérêts de la grande distribution qui joue sur des effets de masse dans ses commandes pour gonfler ses marges en étant sécurisée par rapport aux libraires indépendants scotchés à un prix unique : une façon de tuer la concurrence.
Quant aux éditeurs indépendants, le prix unique ne leur permet pas de garder une liberté face à cette même grande distribution. Cette dernière leur impose des "gammes inaccessibles" et des ristournes de fin d'année difficiles à gérer. Comme ils ne peuvent différencier leur politique commerciale en permettant à des libraires indépendants de vendre à un prix plus bas, les éditeurs indépendants sont livrés pieds et mains liés à la grande distribution.
Le prix unique du livre est le meilleur allié de la grande distribution face à la liberté d'édition et à la liberté commerciale.
La chaîne française du livre est devenue l'une des plus malsaines avec notamment la pratique des offices qui permet à de très gros diffuseurs-distributeurs d'imposer leurs placements et, par restriction de linéaire, de tuer toute concurrence donc toute émergence de nouveaux éditeurs.
Il serait bien étonnant que le Québec se range à de tels arguments qui ont détruit en France la chaîne indépendante de l'édition.
D'ailleurs,si le dispositif du prix unique était la meilleure protection d'une chaîne commerciale diversifiée, pourquoi ce dispositif serait-il resté limité au seul domaine de l'édition ?
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