Ségolène Royal doit faire son coming out en matière d'insécurité
Alors que l'insécurité s'installe au coeur de la campagne présidentielle dans des conditions conjoncturelles d'ailleurs assez comparables à celles de 2002, la leader socialiste reste prisonnière pour l'instant de la "parole de gauche" qui manque terriblement de crédibilité dans ce domaine.
Dés le départ de la campagne, la tâche de S. Royal est difficile. Elle doit viser à gagner politiquement avec un ancrage conceptuel minoritaire dans la sociologie actuelle ; d'où les écarts fréquents de positions de sa part.
Le vrai tournant nous semble résider dans le rapport à l'État.
Ce rapport est désormais frappé par une double crise.
Une crise technique et une crise éthique.
Une crise technique, car l'État ne produit plus les réflexes attendus.
La centralité de l'État n'amène plus un État fort protecteur du citoyen.
L'Etat fort n'est plus un outil technique de sécurité, de régulation, d'efficacité.
Trop d'Etat ne protège pas mais bien davantage trop d'Etat peut s'accompagner d'une crise d'éthique.
La dénonciation de ce mal d'État a déjà commencé à produire des conséquences en profondeur par rapport au modèle historique.
Le citoyen a désormais le recul suffisant pour déceler la nature abusive, voire même la fonction corruptrice, de certaines pratiques de l'Etat désormais considéré comme source de difficultés.
Ce qui est certain c'est que le schéma classique de la gauche ne correspond plus aujourd'hui à la grille d'analyse dominante de l'opinion publique Française.
Son positionnement en phase de transition explique que l'opinion est aujourd'hui d'abord contre :
* la jeunesse repousse sa précarisation,
* les contribuables contestent l'impôt,
* les citoyens mettent en cause les partis comme les salariés le font pour les syndicats,
* les intellectuels dénoncent les anciens schémas mais n'en proposent aucun de substitution,
* les étrangers dénoncent la politique des droits civils mais les nationaux s'élèvent contre la situation des étrangers,
...
Cette liste non exhaustive montre l'immense disponibilité des esprits et donc l'existence d'espaces politiques nouveaux.
L'opinion publique est à la recherche de nouveaux ancrages après avoir tourné la page des repères traditionnels de la gauche. Pour répondre à cette évolution, S. Royal doit effectuer des évolutions majeures par rapport aux ancrages classiques conceptuels de la gauche ; sinon elle se ferme toute option majoritaire.