Elections municipales de Grenoble : Matthieu Chamussy (UMP) confronté à des crises ouvertes de confiance
C'est l'histoire d'une liste intitulée "Croire en Grenoble" mais dont les membres peinent manifestement à commencer à croire en ... eux.
Un mois après l'investiture, la semaine avant la traditionnelle trêve des confiseurs devait être une semaine d'harmonie montrant que tout était désormais sur les rails.
C'est l'opposé qui est arrivé avec une cascade de crises.
Mercredi, une fuite au sein de l'équipe de campagne de Matthieu Chamussy (UMP) fait découvrir par voie de presse 18 propositions à l'étude en interne. Celles publiées alors laissent peu augurer de la véritable rupture proposée par Alain Carignon, ancien Maire de Grenoble et présent dans les premières places de la liste UMP. C'est l'examen progressif des propositions qui montre à la fois leur originalité et leur audace.
Mercredi toujours, c'est Jacqueline Joannon (UDI) sollicitée par Matthieu Chamussy pour prendre en charge l'environnement qui "claque la porte" et installe son équipe de campagne sur la Commune de Meylan, montrant ainsi ouvertement que toute participation à la liste UMP de Grenoble était désormais écartée de sa propre volonté à elle.
Vendredi, tout s'accélère. Richard Cazenave (UMP) adresse une lettre ouverte au Maire PS de Grenoble demandant une ... sanction à destination d'un élu ... PS ayant participé au rapport sur l'intégration. Cette demande est faite non pas sur le papier à en-tête de la liste UMP mais sur celui de l'association dont s'occupe l'ancien Député UMP.
Puis, c'est au tour de Michel Tavelle, ex chargé de communication de l'UMP Grenoble, de publier un communiqué à titre personnel qui a l'honnêteté de mettre sur la place publique le débat interne qui couve depuis plusieurs semaines : la crise de leadership.
Le texte du communiqué est sans appel :
"Trois raisons pour ne pas voter Matthieu Chamussy
Chargé de la communication et des relations presse de l'UMP 38, je m'exprime ici comme militant de base de mon mouvement.
1) je ne voterai pas pour le candidat investi par l'UMP parce que "leader" de l'opposition au Conseil Municipal, il n'a, durant deux mandats, pratiqué qu'une opposition molle, quand elle n'était pas bienveillante, à l'égard du maire PS.
2) Je ne voterai pas pour Matthieu Chamussy parce que le costume est trop grand pour lui. Depuis 4 semaines qu'il a été investi, il a été incapable de proposer le moindre programme et incapable d'établir un début de liste. A travers ses discours, il ne semble vouloir donner qu'une faible part aux militants de l'UMP qui sont pourtant la seule troupe à pouvoir l'épauler dans une élection difficile.
3) Je ne voterai pas pour le "chef de file" de l'UMP parce que le candidatnaturel de mon parti, aurait du être Alain Carignon. L'ancien maire de Grenoble est le seul qui possède l'énergie et le savoir-faire pour sortir Grenoble, de l'enlisement dans lequel Destot et son dauphin Safar l'ont
conduit. Les 18 propositions pour la ville qu'Alain Carignon vient de faire connaître aux Grenoblois, sont un programme novateur pour lequel le candidat investi ne semble pas manifester un grand enthousiasme.
C'est toute le différence entre un visionnaire de l'avenir et un élu à la petite semaine.
Cette décision n'a pas été facile à prendre. Elle me conduit à ne pas voter pour une liste dans laquelle se trouvera Alain Carignon, mon ami, qui légitimiste, a accepté par amour de Grenoble, une 9ème place, qui correspond nullement à ce qu'il pourrait apporter à notre ville.
Je sais qu'il accepte ma liberté de conscience tout en regrettant ma décision."
Un contenu qui ouvre le débat public sur la crise de leadership avec une formule assassine : "le costume est trop grand" pour le candidat tête de liste UMP.
Mais il y a aussi le débat sur les conditions du choc avec le PS, ce qui donne un éclairage différent à l'initiative de Richard Cazenave, lui aussi en divergence par rapport à une ligne trop molle.
Puis, c'est au tour de Benjamin Piton (UMP) de publier un communiqué pour faire monter la pression et exposer publiquement ses propositions.
Toutes ces manifestations de crises graves désormais publiques s'accompagnent de "confidences" de plus en plus nombreuses y compris auprès de concurrents sur l'indécision permanente et sur la fébrilité qui règnent dans l'équipe de direction de campagne.
Une élue pourtant très fidèle à Matthieu Chamussy comme Nathalie Béranger (UMP) fait désormais publiquement état de ses doutes et de ses critiques. Il est vrai qu'ayant probablement eu connaissance progressivement des critiques proférées à son endroit par Bernard Accoyer lors de la commission d'investiture, elle doit avoir quelques difficultés à accepter de servir celui dont le principal soutien a publiquement énoncé de telles "réserves" d'une extrême gravité.
La question est désormais publiquement ouverte : jusqu'où peut aller cette crise générale de confiance et cette liste UMP ira-t-elle jusqu'au bout de la campagne ?
Le doute est désormais officiellement posé.